Comme promis, il était là la nuit suivante.
Son mari venait de l'emmener au lit et une fois qu'il en eut fini avec elle, il s'endormit, la laissant insatisfaite une fois de plus.
Déçue, Nyx enfila sa chemise de nuit et se couvrit les épaules d'un châle avant de sortir dans le jardin. Elle leva les yeux vers le ciel. Si seulement elle avait eu sa magie, elle aurait volé entre les étoiles un moment, ou peut-être qu'elle se serait échappée de cet endroit pour toujours. Peut-être que c'est pour cela que sa mère lui a enlevé sa magie. Si elle avait su, elle l'aurait protégée.
Soudain, l'air devint froid, et un frisson lui parcourut l'échine. Quelqu'un était derrière elle. En se retournant lentement, elle le trouva là, se fondant dans l'obscurité comme s'ils ne faisaient qu'un. Ses cheveux argentés brillaient comme la lumière de la lune et ses yeux bleus glacés la regardaient avec une appréciation flagrante. Cela lui rappela qu'elle ne portait qu'une chemise de nuit, ce qui l'amena à serrer encore plus fort le châle autour de ses épaules.
"Je ne vais pas venir avec toi." dit-elle.
"Les gens se plaignent trop de leur vie, et pourtant, quand ils ont l'occasion de faire quelque chose, ils ne le font pas." dit-il pensivement. "Ne souhaites-tu pas vivre comme tu le veux ?"
"Je souhaite simplement que tu me laisses seule."
Il s'approcha lentement d'elle. "Tu es déjà seule. Je souhaite enlever ta solitude. Avec la mienne."
Oui, elle était seule. Seule, frustrée et non reconnue. Elle se sentait inutile. Non ! Elle se sentait utilisée puis oubliée. Combien de temps pourrait-elle endurer cela?
"Comment vas-tu enlever ma solitude ?" demandait-elle.
"Comme ça." dit-il abaissant la tête et capturant alors ses lèvres avec les siennes.
Nyx ne savait pas qu'un baiser pouvait la rendre si profondément enflammée. Elle était à bout de souffle, son estomac bouillonnant d'excitation alors qu'il saisissait l'arrière de sa tête et approfondissait le baiser. Toutes les pensées rationnelles fuyaient sa tête et son corps prenait vie. L'intensité du sentiment la choqua et bientôt elle le repoussa, effrayée et dégoûtée d'elle-même.
"Je ne peux pas." Secoua-t-elle la tête en déni. "Je suis mariée et toi… tu es le diable."
Oui, il était le diable, et il venait de la faire pécher. Elle courut vers sa chambre sans le regarder, car si elle l'avait fait, elle aurait peut-être changé d'avis.
Mais le diable était persistant, et il venait toutes les nuits, au début seulement pour voler des baisers, mais il volait aussi lentement son cœur. Elle se découvrait ouverte à lui, lui faisant confiance parce qu'il tenait toujours parole. Parfois, il l'emmenait loin de sa vie ennuyeuse et lui montrait le monde, et parfois, il se contentait de la tenir contre lui pour chasser sa solitude. Tout cela sans rien demander en retour. Ou du moins, c'est ce qu'elle croyait.
"Viens avec moi." Il dit un soir.
"Je ne peux pas."
Il a saisi son visage entre ses mains. "Même si je te dis que je t'aime ? Je t'aime, Nyx."
Les mots résonnaient dans son esprit. Des mots que son mari ne lui avait jamais dit. Ses yeux s'embuèrent. Pourquoi l'homme qu'elle aimait devait-il être le diable ?
"Je ne peux pas, Lucifer."
"Tu peux, mais moi je ne peux pas. Je ne supporte pas l'idée de te voir couchée dans le même lit que cet homme. Je ne supporte pas de penser à lui qui te touche et... Je ne peux simplement pas. Je me sens... étouffé."
C'était la première fois qu'elle le voyait vulnérable, et à ce moment-là, elle savait que ses sentiments étaient sincères.
"Viens avec moi. Je te veux... J'ai besoin de toi à mes côtés."
Elle voulait tellement partir avec lui, mais les conséquences seraient graves. Les sorcières et même les démons feraient tout pour détruire leur relation. Elle savait qu'ils ne pourraient jamais être ensemble, et cela l'étouffait. Elle attrapa son visage et l'embrassa doucement pendant que les larmes coulaient sur ses joues. Ce serait la dernière fois qu'elle le laisserait partir. Cette nuit-là, elle a également lâché prise, et ils ont fait l'amour sous le ciel étoilé. Mais qui aurait su que la meilleure nuit de sa vie conduirait à 25 ans de misère.
**
"Madame, Vous êtes enceinte." La sage-femme lui dit, l'excitation claire dans sa voix.
Nyx aurait dû danser de joie mais elle ne le faisait pas. Elle aimait les enfants et elle désirait tellement avoir les siens, alors pourquoi n'était-elle pas heureuse ? Au moins son mari serait heureux, pensait-elle, mais elle se trompait lamentablement.
Le roi a fait irruption dans la pièce, le visage rouge de colère. "Sortez !" Il a dit à tout le monde et une fois que tout le monde est parti, il l'a saisie par le cou et l'a plaquée sur le lit. Son étreinte était serrée, coupant toute respiration.
"Qu'est-ce...que...tu fais?" elle a réussi à demander tout en souffrant.
"Qu'as-tu fait?" Il a grondé, approchant son visage du sien. "De qui est cet enfant ?"
Nyx attrapa son poignet et essaya de défaire sa prise, mais il la maintint en place. Ses yeux se remplirent de larmes.
"C'est... le tien."
"Ne me mens pas!" Il cria en lâchant son cou.
Elle prit une grande inspiration puis commença à tousser, main au cou. "Dis-moi de qui est cet enfant pendant que je te le demande?"
Avec une voix rauque, "Pourquoi tu crois que c'est celui de quelqu'un d'autre?" Demanda-t-elle.
Il attrapa son bras et la tira hors du lit. "J'ai des oiseaux qui chuchotent à mon oreille et j'ai entendu beaucoup de choses sur toi mais je les ai ignorées. Maintenant tu as franchi la ligne."
Des oiseaux? Sa mère lui avait dit une fois que de nombreux rois puissants avaient été aidés par des démons ou des sorcières. Pourquoi n'avait-elle pas écouté et qui chuchotait des choses à l'oreille de son mari?
"Dis-moi que tu ne portes pas l'enfant d'un démon?" Dit-il, complètement dégoûté.
Nyx resta figée sur place. Cela ne pouvait pas être possible. Elle ne pouvait pas être enceinte de l'enfant du diable. Elle n'avait pas rencontré Lucifer depuis un mois, elle ne pouvait pas être enceinte de son enfant.
"Non ! Ce n'est pas son enfant." Elle secoua la tête.
"Non !"
"Qui est-il?" Demanda son mari.
Nyx continuait de secouer vigoureusement la tête. "Non ! Ce n'est pas ça."
Elle ne cessait de répéter. Que allait-elle faire maintenant? Que deviendrait son enfant ?
"Je n'ai pas besoin de toi, ni de cet enfant démoniaque. Gardes!"
Nyx paniqua quand quelques gardes entrèrent dans la pièce.
"Enfermez-la !" Il ordonna. "Demain tu seras décapitée devant tout le monde."
Décapitée ? De quoi parlait-il ? Qu'en était-il de son enfant ?
Les gardes attrapèrent ses bras et commencèrent à la traîner hors de la pièce. "Attendez ! Que faites-vous ? Lâchez-moi ! C'est absurde."
"Laissez-la partir !"
Cela faisait si longtemps qu'elle n'avait pas entendu cette voix. Mère.
Les gardes lâchèrent leurs mains et quittèrent la pièce comme si rien ne s'était passé.
Nyx se retourna toujours en état de choc et tremblant de peur.
"Mère." Elle couina, soulagée que quelqu'un soit venu à son secours.
Sa mère semblait très en colère alors qu'elle fixait son mari. "Je t'ai donné ma fille, pas pour que tu puisses l'abuser." Elle lui dit.
"Tu me l'as donnée et pourtant il y a un démon dans son ventre." Il dit avec révolte.
"Je m'en occuperai, mais tu ne la toucheras pas."
"Tu ne me donnes pas d'ordres." Il cracha.
Avec un mouvement de sa main, le roi tomba à genoux, son visage se tordant de douleur. "N'oublie pas qui t'a donné le pouvoir de donner des ordres aux gens." Sa mère lui rappela.
Tout s'est mis en place. Les sorcières soutenaient son mari. C'est pourquoi il était l'un des rois les plus puissants.
"Nyx! Laisse-nous tranquille." ordonne sa mère, lui lançant un regard sévère.
Nyx hésita un instant, puis quitta la pièce en respirant difficilement. Qu'allait-il se passer maintenant ?
Quoi qu'il arrive, elle ne laisserait personne blesser son enfant.
Après ce qui semblait être une éternité, sa mère l'appela de nouveau à l'intérieur. Son mari passa à côté d'elle sans même la regarder.
"Viens ici, ma chérie." dit sa mère en ouvrant ses bras.
Nyx était surprise. Elle pensait que sa mère serait furieuse, mais elle ne l'était pas. Soulagée, elle se jeta dans les bras de sa mère et commença à pleurer à chaudes larmes.
"Je suis désolée, maman. Je me sentais si seule. Je ne le reverrai plus, je te le promets."
"C'est d'accord. Ce n'est pas de ta faute. C'est le diable, il trompe les gens et ruine les familles depuis le début des temps."
"Ne les laisse pas blesser mon bébé. Je ferai tout ce que tu voudras." supplia Nyx.
Sa mère lui prit le visage. "Personne ne va te faire du mal. Je vais veiller sur toi." promit sa mère et elle tint parole, veillant sur elle pendant sa grossesse.
Elle était restée avec elle tout le temps, affirmant qu'elle ne laisserait pas le diable la manipuler à nouveau. À ce moment, Nyx ne se souciait de rien d'autre que de la sécurité de son enfant, mais parfois elle se demandait ce que sa mère avait dit à son mari pour le faire taire.
"Il me déteste, maman. Comment veux-tu que je vive avec lui ? Ramène-moi à la maison avec toi."
"C'est ta maison désormais." dit sa mère avec résolution. "Tu ferais mieux de t'y habituer. Je n'ai jamais dit que ce serait facile."
Nyx ne connaissait pas les plans que sa mère avait pour elle, mais à mesure que son ventre grossissait et qu'elle approchait de l'accouchement, elle avait un mauvais pressentiment. Elle faisait même des cauchemars où sa mère lui enlevait son enfant. D'une certaine façon, elle savait que ce n'était pas seulement des cauchemars, c'étaient des signes.
Et puis le jour est arrivé. Après beaucoup de douleur et d'agonie, elle entendit les pleurs de son bébé, le plus beau son du monde.
"C'est un garçon." La sage-femme sourit en tenant le bébé.
Nyx tendit les bras. Elle voulait tenir son bébé.
La sage-femme le plaça dans ses bras et à ce moment-là, toute la douleur et la souffrance qu'elle avait endurées disparurent. Elle regarda son fils. Il était le spectacle le plus beau qu'elle ait jamais vu. Son visage si angélique que son cœur fondit et des larmes emplirent ses yeux.
Elle le tint près d'elle pendant un moment, mais puis elle remarqua quelque chose. Ses yeux. Ils ressemblaient exactement à ceux de ses cauchemars, parfois brûlant comme des flammes sauvages et parfois brillant comme de l’or en fusion. Ils étaient beaux, mais sa mère ne penserait pas la même chose. Elle allait lui prendre son enfant.
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A suivre !