Faust essayait de prêter attention à ce que son frère disait, mais son esprit revenait constamment à elle, la servante qui lui avait renversé du thé dessus. Pour une raison étrange, il avait ressenti une pique de douleur lorsque Jade l'avait giflée et lorsque ses yeux s'étaient emplis de larmes, la colère avait empli sa poitrine. Mais pourquoi ? Il ne comprenait pas. Il ne la connaissait certainement pas et ne pouvait pas dire qu'il était attiré par elle. Ou l'était-il ?
Elle ne lui semblait pas attirante. Elle était trop maigre à son goût, comme si elle avait été affamée. Ses cheveux étaient courts et en désordre et son teint semblait plutôt malsain. Elle avait des cernes sombres sous ses yeux et ses lèvres étaient gercées, pourtant il n'avait pas pu s'empêcher de la fixer.
Quelque chose en elle l'attirait. Était-ce l'innocence dans ses grands beaux yeux couleur chocolat ? Ou était-il intrigué par la façon dont elle restait calme même si elle allait être punie ? Quoi qu'il en soit, il ne pouvait pas cesser de penser à elle.
Quel était son nom, se demandait-il, puis il se réprimanda d'être distrait par une simple femme alors qu'il était venu ici avec une mission importante. Il était ici pour se venger, pas pour les femmes.
En voyageant à Osakar, il s'était déguisé en leur roi Alexander et avec un peu d'aide de Nora et Julian, il avait obtenu toutes les informations dont il avait besoin. Julian avait endormi Alexander et Nora avait caché son corps avec un sort. Faust ne pensait pas que ce serait si facile mais il s'est vite rendu compte que les sorcières pouvaient faire beaucoup plus qu'il ne le pensait. La question était : pouvait-il faire confiance à Julian et à sa sœur ?
Alors que son esprit revenait au présent, Giulio parlait toujours, essayant de faire une grande impression et Faust ne pouvait plus supporter de l'écouter. Peut-être que c'était le moment d'utiliser quelques-unes de ses ruses diaboliques, pensa-t-il amusé. Pénétrant dans l'esprit de son frère, il le manipula pour lui faire croire qu'il avait fini de parler.
"Bien alors. Je vais te laisser te reposer et nous parlerons des détails demain." dit Giulio.
Faust sourit intérieurement. Peut-être que ce n'était pas si mal d'être ce qu'il était après tout.
Sur le chemin du retour à la chambre qui lui avait été arrangée, Faust croisa Howard. Il jouait avec d'autres enfants et ils se poursuivaient dans les couloirs. Faust ressentit une tache de culpabilité en le regardant, sachant que son bonheur allait bientôt prendre fin et qu'il en serait la raison.
C'étaient des moments où il n'était pas trop enthousiaste à propos de sa revanche. Faust jeta un dernier regard sur le visage souriant de Howard et l'emprunta dans son esprit, puis il continua plus loin et enfouit sa culpabilité profondément dans son cœur.
Une fois arrivé dans la pièce, ses gardes restèrent derrière lui alors qu'il entrait. Faust s'attendait à trouver la servante à genoux et Jade marchant autour d'elle en faisant des menaces, mais ni Jade n'était dans la pièce, ni la servante n'était à genoux.
Confus, Faust avança davantage et fut étonné de trouver la servante endormie sur son lit, confortablement. Faust
fixait en état de choc, cette femme était soit très courageuse, soit très insensée.
Au lieu de la réveiller et de la réprimander, il se surprit à la fixer une fois de plus. Elle paraissait si innocente et fragile allongée dans son grand lit et il se surprit à vouloir la toucher. Il secoua la tête.
Non !
Il ne pouvait pas se laisser distraire maintenant qu'il était venu ici avec un but précis. Alors qu'il s'apprêtait à la réveiller, elle remua dans son sommeil et ouvrit lentement les yeux. Elle cligna plusieurs fois des yeux avant de se frotter les yeux et ensuite, toujours inconsciente de sa présence, elle passa ses bras par-dessus sa tête et s'étira.
En plein milieu de son étirement, elle le remarqua et se figea sur place. Il voulait rire de son air amusé mais garda un visage sérieux. Une fois qu'elle sortit de son état de choc, elle roula rapidement hors du lit et se tint à l'autre bout. Ses yeux balayèrent la pièce, regardant partout sauf en direction de lui.
"Votre Altesse... Je..." Elle avala sa salive, "Je... je ne faisais que... je ne voulais pas m'endormir... je... m'excuse."
Elle frotta ses mains nerveusement, évitant toujours de le regarder. Quand il ne dit rien, elle leva lentement les yeux, le regardant directement dans les yeux.
Pour un moment, elle avait l'impression de pouvoir le voir à travers lui, ainsi que la pièce et la femme qui se trouvait à genoux. Confus, Faust pénétra plus loin dans la pièce et fut étonné de trouver qu'il ne pouvait pas détourner les yeux. Il y avait un pouvoir magnétique dans son regard qui l’avait ensorcelé et il se retrouva à se diriger vers elle. En le voyant se rapprocher, elle écarquilla les yeux de peur mais elle ne recula pas et il ne s'arrêta pas jusqu'à ce qu'il soit à un souffle d'elle.
De près, il la trouvait encore plus belle et elle sentait le miel et la noix de coco, une senteur très familière qui éveillait en lui une faim qu'il n'avait jamais sentie auparavant. Sans s'en rendre compte, il leva la main et posa légèrement ses doigts sur sa joue.
Elle frémit au contact mais à mesure que ses doigts caressaient sa peau douce, ses yeux se fermèrent lentement et ses lèvres s'entrouvrirent légèrement. Quelque chose s'éveilla en lui et il n'avait plus aucun contrôle sur son corps. Il ignorait ce qu'il faisait en encerclant sa taille de son bras et en rapprochant son corps du sien.
Même si son esprit lui criait d'arrêter, il se pencha et enfoui son visage dans le creux de son cou. Il respira profondément, laissant son doux parfum intoxicer son esprit. Comment aurait-elle le goût ? pensait-il. Comment aurait-elle le goût si elle sentait si bon ?
Comme si elle savait ce qu'il s'apprêtait à faire, elle pencha sa tête en arrière et s'accrocha à ses bras. Il enfouit ses doigts dans ses cheveux puis passa lentement sa langue sur son cou. Un doux bruit de plaisir échappa à ses lèvres, attisant la faim qu'il ressentait déjà. La poussant contre le mur derrière lui, il la maintint en place avec son corps tout en parsemant son cou et sa mâchoire de baisers. Elle se cambrait contre lui, en voulant plus. Il la pressait davantage contre lui puis captura ses lèvres avec les siennes.
Une chaleur explosa en lui au goût d'elle, un goût qui le rendait sauvage mais la familiarité de ce goût le réconfortait, l'apaisait. Il pensait la dévorer mais à la place, il l'embrassait doucement, la touchait lentement, comme s'il voulait aussi la réconforter. La chaleur de son corps l'accueillait, l'enveloppait dans un monde de passion, de désir et d'amour.
Amour?!
Surpris, il s'écarta d'elle et frissonna à cause du froid que son absence apportait.
"Qui es-tu?" demanda-t-il.
Elle leva lentement les yeux, ses joues rougies et ses yeux toujours voilés de désir.
"Qui es-tu?" murmura-t-elle en fixant son regard sur lui.
Elle était effectivement courageuse, mais il avait l'impression qu'il y avait plus à sa question par la façon dont elle le regardait.
Elle se déplaçait lentement de sa place et commença à se diriger vers lui, son regard ne le quittait jamais jusqu'à ce qu'elle soit à une respiration de lui. Ses yeux se remplissaient lentement de larmes "Qui es-tu?" demanda-t-elle à nouveau et il pouvait entendre le désespoir dans sa voix.
Elle posa une main sur sa poitrine "Je t'en prie…" Sa voix se brisa alors qu'une larme coulait sur sa joue. Faust était soudainement confus. Pourquoi pleurait-elle tout d'un coup?
"Je t'en prie…" Elle supplia à nouveau. Faust ne savait pas ce qu'elle supliait mais la voir pleurer ressemblait à un coup de couteau qui se tournait dans son cœur. Sans réfléchir, il l'enveloppa de ses bras mais cela semblait avoir rendu les choses pires car elle se mit à pleurer à son geste.
Son corps entier tremblait alors qu'elle pleurait et Faust resta immobile, incertain de ce qu'il fallait faire. Il se rappela alors qu'il pouvait entrer dans sa tête pour savoir pourquoi elle pleurait. Bloquant tout le reste, il se concentra sur ses pensées mais il n'entendit...rien. Il essaya à nouveau mais il n'entendit toujours rien. Peut-être que ses pensées étaient un désordre puisqu'elle pleurait, pensa-t-il.
Saisissant ses bras, il l'éloigna de son étreinte.
"Pourquoi pleures-tu?" demanda-t-il.
Mille émotions traversèrent ses yeux à sa question et pendant un moment elle le regarda simplement, son expression se transformant lentement en confusion.
"Qui es-tu?"
"Vous pouvez m'appeler Votre Altesse." dit-il, confus par sa question.
Elle secoua la tête comme si elle niait sa réponse.
"Et toi? Qui es-tu ?" Lui demanda-t-il.
Elle leva les yeux, une colère éclata dans ses yeux alors qu'elle plongeait son regard dans le sien. "Je suis ta femme."
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À suivre!