Je ne sus pas quand un souffle s'échappa de mes lèvres, car j'eus le sentiment de pouvoir à peine respirer, et encore moins d'émettre un son. Faust tourna la tête et lorsqu'il me vit debout, ses yeux s'écarquillèrent.
Inconsciemment, je fis quelques pas en arrière, puis je me retournai et je courus jusqu'à ma chambre. Mon cœur battait la chamade et j'avais envie de vomir.
Un cœur ? Je vis juste un cœur qui battait. Ma tête commença à tourner et je m'assis lentement sur le lit pour ne pas tomber. Je me rendis compte que je tremblais légèrement. J'eus déjà vu des gens mourir, mais je ne vis jamais rien de tel.
Le bruit de la porte qui s'ouvrit fit bondir mon cœur. Faust referma la porte derrière lui et resta là, à me regarder attentivement. Je tentai d'éviter son regard.
Au bout d'un moment, j'entendis ses pas se rapprocher jusqu'à ce qu'il se trouve juste devant moi. Il me prit le menton et me souleva la tête de façon à ce que je le regarde.
"As-tu peur de moi ?" me demanda-t-il d'une voix douce.
Je secouai la tête. "Non." Et je ne mentis pas. Je savais qu'il ne me ferait jamais de mal, mais je... je ne comprenais pas ce que c'était, mais j'étais très perturbée.
Il prit place à côté de moi sur le lit et passa son bras autour de mon épaule. "Mariette, tu le sais et je te l'ai dit, il est facile pour moi de tuer."
"Je le sais."
"Alors ?"
"Alors... je ne sais pas Faust. C'était juste une image troublante. Fallait-il que tu le tues de cette façon ?"
"Non, mais pour l'instant, il faut que j'utilise la peur pour atteindre mon objectif."
Je me contentai de hocher la tête. J'étais consciente que ce n'était pas la première fois qu'il faisait ça.
"Mariette", dit-il en attrapant à nouveau mon menton pour m'obliger à le regarder. "Je t'ai dit qu'il y avait des ténèbres en moi. Peu importe combien j'essaie de résister à cette partie de moi, elle est toujours là et elle le sera toujours."
Était-ce parce qu'il était un démon ? Devrais-je lui en parler ? Je me tournai entièrement vers lui tout en réfléchissant à la manière de le lui dire sans avoir l'air folle.
"Faust... Il faut que je te dise quelque chose." Peut-être qu'il se sentirait soulagé de savoir qu'il était un démon, parce que peut-être qu'il se comprendrait mieux alors. Cela me permit au moins de mieux le comprendre.
Je regardai son visage. Je regardai ses yeux d'or, ou plus exactement ses yeux flamboyants. Les flammes du feu de l'enfer, pensai-je. En grandissant, j'eus peur de l'enfer et des démons. J'eus appris qu'ils étaient mauvais, pour m'en protéger, mais devinez quoi ? Je tombai amoureuse de l'un d'entre eux.
"Tu voulais dire quelque chose ?" Il interrompit le fil de mes pensées.
Je secouai la tête. "Oui... je... je." Mais les mots ne sortirent pas.
"Tu quoi, Mariette ?"
Non, il me fallait plus de temps pour réfléchir à ce que je devais lui dire.
"Je... tes... tes maîtresses. Je veux voir tes maîtresses ?" dis-je. Je voulus voir sa réaction et si ce que Carla me raconta était vrai.
Il haussa un sourcil. "Mes maîtresses ? Hmm... pourquoi veux-tu soudainement les voir ?"
"J'en ai simplement envie." Je haussai les épaules.
Il saisit mon menton et il me força à le regarder.
"Tu veux voir s'il y a quelqu'un de plus belle que toi ?" Il avait ce regard quand il prenait plaisir à la conversation.
"Tu me laisseras les voir ?" demandai-je en ignorant sa question.
"D'accord", répondit-il en se levant. Mon cœur tomba à l'intérieur de ma poitrine. J'eus vraiment confiance dans les paroles de Carla mais, bien sûr, il avait toujours des maîtresses. La jalousie me frappa comme un couteau. Pourquoi étais-je soudainement jalouse alors que je le savais depuis tout ce temps ?
"Suivez-moi", ajouta-t-il en m'attrapant par le bras et en m'entraînant vers la porte de sa chambre personnelle.
Attendez ! Était-elle dans sa chambre ? Non !
Je paniquai lorsqu'il ouvrit la porte et qu'il m'entraîna à l'intérieur. Je ne voulais plus voir de maîtresse. Je retirai ma main de son emprise, mais nous étions déjà à l'intérieur.
Sa chambre personnelle était presque aussi grande que la nôtre, décorée de riches matériaux. Je regardai autour de moi, mais la pièce était vide.
"Que faisons-nous ici ?" lui demandai-je.
"Tu voulais voir ma maîtresse. Je compte bien te montrer la plus belle d'entre elles." Il me saisit par le bras et m'entraîna plus loin dans la pièce.
"Je ne veux plus", protestai-je.
Il s'arrêta. "Tu ne veux plus ?"
Je hochai la tête.
"Mais je veux te montrer !" dit il en continuant à m'entraîner jusqu'à ce que je me tienne devant un miroir, dos à lui.
Il posa ses mains sur mes épaules. "Tu la vois ?" me demanda-t-il en faisant un signe de tête vers le miroir.
"Je ne vois que moi", répondis-je avec confusion.
Il acquiesça.
"Je pensais que tu allais me montrer ta maîtresse."
"C'est ce que je fais. La voici", me dit-il en pointant mon reflet.
"Mais... ce n'est que moi. Je ne suis pas ta maîtresse."
"Non. Mais tu es tout pour moi, et quand j'ai tout au monde, pourquoi aurais-je besoin de quelque chose d'autre ?"
Il savait vraiment comment faire vibrer mon cœur, mais ensuite je...
me rendis compte qu'il me taquina depuis tout ce temps.
Je me retournai pour lui faire face. "Tu te moquais de moi toutes ces fois ?"
Il gloussa. "Je pensais que tu le savais déjà."
Je croisai les bras sur ma poitrine et je lui lançai un regard noir.
"D'accord, d'accord. Je suis désolé." Il sourit.
"Mais où es-tu allé quand tu as été blessé et que tu as déclaré que tu irais voir ta maîtresse ?"
Son visage devint sérieux. "Quand mes blessures sont profondes, la guérison peut être très douloureuse, alors je souhaitais juste être seul."
Je me souvins de sa voix dans ma tête cette nuit-là. Elle fut remplie de douleur et d'agonie. La guérison fut-elle si douloureuse ?
"Tu aurais dû me laisser rester avec toi."
"Tu te souviens que tu étais en colère contre moi ?" rappela-t-il.
"Oui, parce que tu n'as pas cessé de me taquiner avec tes maîtresses", lui rappelai-je en retour.
Il soupira avec un sourire, comme s'il acceptait la défaite. Je me sentis soulagée que nous eûmes abordé cette question, même si je ne devais pas le faire. Même s'il n'avait pas de maîtresses maintenant, il lui serait impossible de rester sans maîtresses ou pire sans plusieurs épouses s'il devenait Roi. L'idée qu'il puisse passer toute la nuit avec ses autres femmes ou maîtresses me donna mal à l'estomac.
"Qu'est-ce qu'il y a ?" demanda-t-il en me soulevant le menton.
"Rien." Je secouai la tête.
"Mariette, je sais que quelque chose te dérange. Est-ce que c'est... la femme qui était à Drouin ?"
Oh... j'eus presque oublié la blonde et séduisante danseuse de Drouin, mais cela importait peu désormais. En tant que femme, princesse et peut-être reine, c'était mon destin, celui de partager mon mari avec d'autres femmes.
"J'étais désespéré et..."
"Tu n'as pas à t'expliquer. Je sais que je ne t'aurai jamais complètement pour moi, mais au minimum ton cœur, je souhaite être la seule personne dans ton cœur."
Il prit mon visage dans ses mains. "Et je réaliserai chacun de tes souhaits."
Faust et moi nous nous promenâmes main dans la main dans notre jardin personnel après avoir déjeuné. Nous n'eûmes pas grand-chose à dire, nous nous contentâmes d'apprécier la compagnie de l'un et de l'autre.
"C'est sans danger pour toi de sortir de la pièce maintenant. Il ne reste plus aucun homme de Pierres et son personnel est gardé dans ses quartiers."
"Que comptes-tu faire d'eux ?"
"Les renvoyer chez eux éventuellement. Il y a des jeunes filles et des vieilles femmes, des gens qui ont une famille, je ne peux pas les tuer comme ça", expliqua-t-il.
Je lui adressai un sourire. "Tu as pris une bonne décision."
Nous arrivâmes à mon endroit préféré. La belle balançoire blanche. Faust et moi nous nous assîmes et il passa son bras autour de mes épaules tandis que je posais ma tête sur son torse.
"Faust ?"
"Oui ?"
"Tu sais que je t'aime pour ce que tu es ? Peu importe ce que tu es, peu importe que tu sois un vampire, je t'aimerai."
"Je le sais", répondit-il.
Le silence s'installa pendant un moment et je pensai à une façon de le lui dire.
"Faust..." Je me détachai de son emprise pour le regarder. "Et si je te disais que tu étais un... démon ?"
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À suivre !