Ce n'était un secret pour personne que la puissante famille Huiret possédait la plus grande fortune au monde. Quiconque entrait dans leur domaine familial serait frustré par l'exposition de richesse dont fait preuve ses propriétaires. Depuis la mort de son mari, Rhema Huiret la maman de Philippe avait pour passe temps les organisations des fêtes de charités, la gestion des club des personnes de la haute société. En gros, elle s'adonnait à toutes ces activités tape à l'œil digne d'une dame de son rang. Depuis le mariage raté de son fils, ils ne s'étaient pas vus. Rhema avait hâte de rencontrer sa petite fille et de la choyer. Elle avait en tête de faire un test ADN pour être sûre que cette bonne femme venue de nulle part n'essayait pas de tromper son fils afin de lui estorquer de l'argent. Ses parents avaient vécu une situation similaire. Quand elle était jeune, une femme était venue présenter à son père un petit garçon prétendant qu'il s'agissait de son fils. Désespéré d'avoir un fils, il est tombé dans le panneau et a donné à cette femme une bonne somme d'argent ainsi qu'une grande propriété pour pouvoir offrir à son fils une vie agréable. Plus tard cette femme a vendu la propriété et s'est enfuie avec son amant et son fils emportant tout l'argent également. Rhema ne voulait pas que son fils soit victime du même coup.
La vieille femme a siroté sa tasse de thé en lisant le journal de ce matin; elle a roulé des yeux alors qu'elle survolait les quelques lignes qui étaient consacrées au mariage raté de son fils. Pendant qu'elle déposait sa tasse sur la petite table en verre devant elle, elle a entendu des voix à la porte. Cela semblait être un échange courtois entre deux personnes. Rhema a tourné la tête vers la porte, c'était son fils Philippe qui était poliment reçu par Naïna, une des domestiques.
- Mon fils, tu es là. Rhema s'est levée pour étreindre Philippe.
Ce dernier a rendu son étreinte et s'est gracieusement assis en face d'elle. Philippe a balayé du regard le salon, il a ensuite commenté :
- Je vois que tu as encore changé le décor.
- Oui, puisque mon fils a sa propre vie, il faut bien que je m'occupe, tu ne crois pas?
- Si tu le dis.
Rhema a réfléchi un instant et a questionné son fils:
- Quand comptes-tu me présenter ma petite fille?
- Très bientôt maman, très bientôt.
- Es-tu vraiment sûr que c'est ta fille ?
Philippe a fixé sa mère. Il comprenait ses doutes, lui aussi était un peu méfiant au départ mais quand il a pris cette petite princesse dans ses bras, il a ressenti un sentiment inexplicable qu'il n'avait jamais ressenti auparavant. En plus la petite le ressemblait autant qu'elle ressemblait à Erina donc pour lui il n'y avait pas de doute, c'était sa fille.
- Maman, je comprends ton inquiétude mais c'est bien ma fille. A affirmé Philippe.
- Il faut être prudent mon fils, tu sais...
- Maman. Philippe l'a appelé d'une voix ferme en guise d'avertissement.
Rhema s'est tue quand elle a pris conscience de la colère de son fils. Pendant tout le reste de la visite de Philippe chez sa mère, aucun d'eux n'a soulevé le sujet de la catastrophe du mariage.
Lilibet avait réussi à convaincre Erina d'aller faire des courses au supermarché. Elle était fatiguée de manger des repas commandés et voulait de la nourriture faite des mains de sa mère. Au supermarché, Lilibet était sagement assise dans le chariot et aidait sa maman à choisir les articles.
- Tu veux celui là ? Erina lui a demandé.
- Oui, et celui ci aussi. A répondu Lilibet en pointant un autre article en plus du carton de céréales que sa mère avait en main.
- D'accord, on le prend dans ce cas.
Erina a continué les courses en mettant à chaque fois dans le chariot ce qu'elle jugeait utile pour la maison et ne s'est pas rendu compte qu'il y avait devant elle une autre femme qui la tuait presque du regard.
- Regardez qui voilà ! La paire de gâcheuses de mariage.
Erina a entendu les mots provocateurs provenant de la voix féminine mais n'y a pas accordé d'intérêt. Selon elle, ces mots ne la concernaient pas même s'il y avait de grandes chances que ce soit elle qui soit indexée vu ce qui s'était passé à la mairie il y a quelques jours.
Catherine était enragée de voir Erina l'ignorer ainsi, elle s'est tenue devant le chariot de la jeune maman. Erina a fait un bref sourire et lui a poliment fait remarquer :
- Excusez-moi madame, vous me bloquez le passage.
- Tant mieux parce que je n'ai pas l'intention de vous laisser passer avant de vous avoir dit ce que j'ai à vous dire. Catherine a clairement laissé entendre.
- Est-ce que je vous connais?
- Vous rigolez ? Vous avez détruit ma cérémonie de mariage et vous avez l'audace de me demander...
Erina a roulé des yeux vers le ciel et a interrompu Catherine :
- Je m'excuse pour votre mariage mademoiselle. Ce n'était pas du tout mon intention, d'accord ? Si vous voulez Philippe, il est à vous, je me fiche de lui.
- Bien-sûr qu'il est à moi et quant à vous, je vais me charger personnellement de vous envoyer en enfer.
Catherine a lancé sa main dans l'intention de coller une gifle à la joue d'Erina mais cette dernière l'a bloqué à temps. Et l'a averti :
- N'essaie plus jamais de poser tes doigts sur moi.
Folle de rage, Catherine a essayé de retirer son bras de la main d'Erina mais la prise était bien trop serrée. Voyant sa mère être intimidée par Catherine, Lilibet a pris l'initiative d'utiliser ses petites dents blanches pour mordre la main de Catherine.
- Aie, petite peste ! Comment oses-tu ?
Catherine en colère a fortement dosé le dos de la petite fille. Erina quant à elle a sauté sur Catherine par réflexe. Les deux femmes se sont mises à se battre dans le supermarché, ce qui a attiré la plupart des clients à proximité. Les agents de sécurité sont apparus quelques minutes plus tard avec une patrouille de police qui les a conduit au poste de police.
Philippe était assis dans son bureau occupé à lire des documents qu'il devait utiliser pour sa réunion prévue pour le lendemain matin. Il sirotait de temps en temps le café posé devant lui. Lorsqu'il a posé sa tasse sur la table pour une énième fois, son téléphone a sonné. Il a vérifié l'émetteur, il s'agissait d'un numéro inconnu mais il a répondu.
- Bonjour M. Huiret, je suis l'inspecteur Casar, j'appelle pour vous informer que Mlle Lan est présentement retenue au poste de police.
Philippe était toujours aussi impassible comme si pour lui la situation n'était pas alarmante. Il a frotté ses sourcils et a répondu à l'inspecteur :
- Je vois, qu'à t-elle fait?
- Elle s'est battue au centre commercial et a insisté pour qu'on vous appelle.
- Je suppose qu'elle ne s'est pas battue seule, l'autre personne est-elle au poste avec elle?
- Oui.
- D'accord, je passerai dès que possible.
Philippe était un peu ennuyé d'avoir été dérangé, il jouait avec le stylo dans sa main en écoutant l'inspecteur.
- Dites monsieur, est-ce que vous pouvez appeler mon papa pour qu'il vienne nous chercher ma maman et moi?
Philippe s'apprêtait à raccrocher quand il a entendu une petite voix qui lui semblait familière. Il s'est hâtivement redressé sur sa chaise et a demandé à l'inspecteur :
- Qui est-ce qui parle ainsi?
- C'est la fille de la femme qui s'est battue avec Mlle Lan. A répondu l'homme avec désinvolture.
Philippe a donné à l'homme au téléphone la description d'Erina. Dès qu'il a eu la confirmation que la femme qui s'était battue avec Catherine pouvait être Erina, Phillipe n'a pas perdu de temps. Il s'est immédiatement levé, a attrapé sa veste et a pris la route pour le poste de police sans chercher à être conduit par son assistant.