Chapter 3
1143mots
2023-09-18 23:23
Le jour suivant, comme il fallait s’y attendre, le mariage des héritiers de deux clans prestigieux de H Country qui avait été interrompu par la maîtresse présumée et l'enfant illégitime de Philippe Hiuret était le potin à la une des journaux du pays. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont exprimé leur compassion pour Catherine qui avait reçu ce coup dur survenu le jour qui devait être l'un des plus beaux de sa vie en tant que femme. Tous lançaient des injures les uns aussi méprisables que les autres à l'égard d'Erina.
Erina a soupiré quand elle a lu le titre du journal qu'elle tenait en main. Elle n'avait jamais voulu revenir dans ce pays et s’était même résignée à vivre loin de Philippe pour le reste de sa vie. Elle avait passé la nuit entière à penser à la belle allure de Philippe et à l'homme spectaculaire qu'il était devenu.
Il doit vraiment avoir toutes les femmes à ses pieds avec une telle prestance. Erina a pensé ainsi.
Avant-hier encore, sa vie était paisible sans tout ce mépris envers elle mais aujourd'hui elle était peinte comme une briseuse de ménage, pire encore, sa fille était qualifiée d'illégitime et de batarde; ce qui lui brisait le cœur. Après tout, entendre les autres qualifier son enfant ainsi reste une vérité toujours difficile à encaisser.
Si ça n'avait pas été pour Lilibet, elle ne serait jamais revenue ici, ni débarquer en plein mariage. À qui pouvait-elle en vouloir ? À sa fille? Ce n'était qu'une gamine qui ne mesurait pas les conséquences de ses caprices.
- Maman je suis désolée pour hier.
Erina a entendu les mots prononcés par Lilibet et a repris ses esprits. Elle l’a affectueusement regardé, lui a caressé la tête ensuite elle lui a dit:
- Ce n'est pas grave trésor, maman s'en remettra.
Erina a pensé qu’elle n’avait pas de raison d’en vouloir à un être aussi innocent et adorable. Elle a ensuite laissé Lilibet jouer et s'est rendue dans la salle de bain.
L'atmosphère qui régnait au domicile de la famille Lan n'était pas aussi chaleureuse que d'habitude, ils avaient connu des jours bien meilleurs. Boris Lan le père de Catherine était plus furieux qu'un lion en cage. Pour lui ce mariage était plus une porte de survie pour ses affaires. Son entreprise familiale a toujours été comptée parmi les trois plus fluorescentes de H Country. Mais ce qui était inconnu de tous, était que ces dernières années son entreprise avait excessivement chuté et était au bord de la faillite. Raison pour laquelle il avait envoyé sa fille séduire Philippe et le convaincre de l'épouser. Après plusieurs années d'efforts, Catherine n’était malheureusement pas parvenue à attirer l’attention de Philippe au point de lui donner envie de se marier avec elle. Sa mère Emilia Lan avait décidé de prendre les choses en main : elle avait fait une suggestion du mariage entre Catherine et Philippe à Rhema Huiret la mère de Philippe avec qui elle est très amie. Très ravie par la proposition, Rhema avait donc promis à Emilia que son fils épouserait sa fille Catherine par tous les moyens. C’est ainsi que Catherine s’est retrouvée fiancée à l'homme le plus riche et convoité du pays mais il n'a fallu qu'une seconde à une inconnue et un enfant pour tout gâcher.
- Au moins la plupart des commentaires te sont favorables. Emilia la mère de Catherine a déclaré en tenant le journal entre ses mains.
- Je te jure que je tuerai cette maudite femme, elle va me payer pour cette humiliation. Catherine a juré.
Son père faisait des vas et viens dans le salon en marmonnant :
- Philippe n'a pas dit qu'il n'y aura plus de mariage, il l'a juste reporté donc pas de panique, trouvons juste le moyen pour qu'il le reprogramme le plus tôt possible.
- Dès que ce sera fait, je m'occuperai personnellement de réduire en cendre cette pacotille de maîtresse. Catherine a parlé avec une haine grandissante qui déformait les magnifiques traits de son visage.
Du coté de Philippe, depuis qu'il a quitté la mairie la veille, il s'est rendu dans sa petite villa à lui où il s'est enfermé dans son bureau. Il avait vidé plusieurs verres de whisky les unes après les autres et en était à sa sixième bouteille. La femme qu'il avait tant aimée au lycée et qui était encrée dans son esprit durant toutes ces années était finalement de retour, en plus avec une petite fille sensée être la sienne. Comment devrait-il se sentir? Heureux ? Il ne pouvait répondre objectivement. Philippe a vidé le dernier verre dans sa main et s'est levé pour aller prendre un bain.
Assis dans sa voiture près de la barrière du petit appartement dans lequel vivait temporairement Erina, Philippe se battait intérieurement contre plusieurs questions qui taraudaient son esprit. Il avait pris la décision de venir ici pour faire la connaissance de sa fille et maintenant qu’il était sur place, l’hésitation semblait s’installer plus qu’autre chose.
Une fois sa douche prise, Erina mettait délicatement de l'huile sur sa belle peau parfaitement lisse quand elle a entendu la sonnerie retentir. Vêtue juste d'un peignoir blanc, d'une paire de pantoufles rose et d'une serviette pour sécher ses cheveux, Erina est allée ouvrir la porte. Elle a écarquillé les yeux en s'exclamant :
- Philippe ! Je ne t'attendais pas...
Philippe l'a coupé.
- Tu as dit que je pouvais passer n’importe quand pour voir... Tu sais, voir...
Le mot "ma fille" était encore inhabituel pour lui, il a pointé du menton Lilibet qui jouait avec ses jouets dans un coin du petit salon mais le titre adéquat pour la qualifier restais coincé dans sa gorge. Le voyant en difficulté, Erina a terminé sa phrase :
- Ta fille, tu veux dire.
- Oui, ma fille.
- Entre.
Erina s'est écartée pour le laisser entrer. Quand elle a refermé la porte, elle a informé Lilibet en séchant toujours ses cheveux avec la serviette:
- Lili, ton papa est ici.
Lilibet a couru vers l'homme qui faisait presque plus de cinq fois sa taille et a sauté dans ses bras.
- Je vous laisse, je vais d'abord m'habiller. A dit Erina avant de se retirer dans la salle de bain laissant le père et la fille faire connaissance.
Philippe a suivi la silhouette d'Erina jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement. Ensuite, il a balayé du regard la pièce, ça avait l’air d'un mini studio doté juste d’un petit salon, une chambre, une cuisine et d'une salle de bain. Le salon faisait à peine la taille de sa chambre à lui et était muni d’une petite table, d'un frigo ; bref, juste le nécessaire de base pour une personne vivant seule. Il s'est dit qu'il devait trouver à Erina et sa fille, un endroit plus confortable où vivre.