29.
Aujourd'hui a été le jour tant attendu, aujourd'hui a été le jour de ma cérémonie et je n'ai pu qu'être émerveillée d'être arrivée ici. Si vous m'aviez demandé, il y a quelques mois, où je me suis vue dans le futur, je n'aurai jamais deviné que je serais ici, entourée d'autant de personnes aimantes. En aucun cas, je ne me serais vu comme la Luna d'une meute.
Ce qui a commencé comme une blague, il y a deux mois et demi, s'est terminé aujourd'hui comme un rêve devenu réalité. Et cette réalité n'a eu rien à voir avec le fait que je serai Luna. Cette partie a, en fait, été livrée avec le rêve. Mon rêve a été : "Trouver quelqu'un pour m'aimer tel que je suis : frêle, faible, sensible, triste"… Rectification… C'était ça, ce que j'ai voulu, auparavant. C'était comme ça que j'ai été dans le passé. Mais Dominique est apparu dans ma vie et ce qu'il m'a proposé a été un service tout fourni, lié à l'amour. J'ai juste voulu dire, qu'il m'a tout donné. Le monde entier. Et j'ai su qu'il m'aurait aimée, avant même qu'Athéna n'est apparue dans ma vie, si le hasard a fait que nos chemins se soient croisés. Car j'ai simplement eu la foi que les gens censés être ensemble à un moment donné se sont rencontrés.
Je me suis tenue devant le miroir, uniquement en sous-vêtements, avec Dominique derrière moi. Il a posé sa tête sur mon épaule et ses mains ont été enroulées autour de moi. Nous avons, tous deux, regardé notre reflet dans le miroir et avons souri. Le bonheur s'est lu sur nos visages. Le jour que nous avons tant attendu est enfin arrivé et nous avons su qu'aujourd'hui, nous serons un. Rien de ce qui s'est passé dans le passé n'a eu d'importance. Dans mon cœur, il n'y a plus eu de haine, plus de ressentiment, tout a été nettoyé avec une éponge. Parce que tout ce qui s'est passé m'a amenée ici.
Dominique m'a tenue dans ses bras et nous avons bougé comme dans une danse blues, très lente. Nous n'avons pas eu besoin de plus. Nos âmes se sont unies depuis longtemps et ce qui va se passer aujourd'hui n'a été que la reconnaissance devant le monde entier que j'étais sienne et qu'il est mien. Nous étions dans notre propre monde en ce moment.
Soudain, quelqu'un a frappé à la porte.
"Ce sont les filles", ai-je dit à Dominique. "Elles sont venues m'aider."
Dominique s'est tourné vers moi et m'a embrassée passionnément. Il a ensuite penché ses lèvres vers l'endroit où sera sa marque ce soir et y a appliqué de légers baisers.
"Encore un peu de temps", a-t-il dit et s'est éloigné de moi sans lâcher ma main. Il m'a entrainée après lui jusqu'à la porte, où, il s'est à peine séparé de moi.
"Prenez bien soin d'elle pour moi, les filles !" a-t-il dit, et leur a fait un clin d'œil.
"Oh, Ella, Dominique est tellement attaché à toi que j'ai peur qu'il implose, s'il ne te voit pas ou ne t'entend pas pendant une heure", a dit Rose en riant.
"Tu penses que Hugo est différent ?" lui ai-je demandé franchement.
"Non, mais qui aurait pensé que ton frère pouvait être si bon avec moi ? Je suis contente de l'avoir accepté dans ma vie", a dit Rose.
J'ai regardé Isabelle qui nous a souri.
"Comment vas-tu, Isa ?" lui ai-je demandé. Je me suis approchée d'elle et j'ai posé ma main sur son ventre de femme enceinte qui a déjà commencé à se voir. La grossesse des loups-garous a été exactement pareille à celle d'une louve. Quelque part entre 60 et 68 jours. Ainsi, à partir d'une semaine, le ventre d'une femme enceinte commençait à s'arrondir. Et vu, qu'Isabelle a été enceinte de jumeaux, son ventre a été plus visible.
"Je me sens revigorée", a dit Isabelle. Ella a posé ses mains sur son ventre et l'a caressé.
"Je serai mère, Ella !" a dit Isabelle. "Je n'arrive pas à y croire !"
"Lucas est fini", a ri Rose. "Il te suit partout depuis deux jours." Nous avons toutes éclaté de rire.
"J'espère qu'il va s'adoucir avec le stress. Il ne dormira même pas juste pour s'assurer que je ne suis pas malade ou que j'ai besoin de quelque chose."
"Cher Dieu ! Qui aurait pensé que Lucas pouvait être comme ça ?" a dit Rose. "L'amour rend stupide." Et nous sommes toutes parties dans un éclat de rire.
"Allons nous habiller", a dit Isabelle. "Laissez mon mari tranquille ! Il est peut-être stupide, mais c'est mon stupide !" Et Rose a de nouveau ri aux éclats.
Les filles se sont mises à me maquiller et pour la première fois de ma vie, je les ai autorisées à exagérer un peu avec le maquillage. Comme on dit, c'était une opportunité unique dans la vie. J'ai fait un maquillage de soirée avec du mascara marron, assorti à mes yeux. L'accent a été mis sur les yeux et le reste du maquillage est venu en complément, comme une brise qui n'a rien chargé en plus du visage.
Rose a arrangé mes cheveux qui ont eu l'air ensoleillés dans une tresse séparée, dans laquelle elle a mis des fleurs dorées, qui ont eu des perles crème en elles. Mais ce qui m'a fait ressembler à une vraie Luna ce soir, c'était mon élégante robe de bal à épaules dénudées avec de longues manches en dentelle, ornée de perles complexes et d'appliques en dentelle. La robe a eu une traine de longueur chapelle qui a élégamment coulé derrière elle.
Quand Esme, la maman de Dominique et désormais ma maman aussi, a frappé à la porte, force a été de constater que la cérémonie a presque commencé.
Dès qu'elle m'a vue, ses yeux se sont remplis de larmes et elle s'est arrêtée.
"Ohhh, Ella ! Tu es si belle ! Je suis tellement heureuse qu'à la fin, Dominique et toi, soyez ensemble !" Et elle m'a prise dans ses bras.
"MAMAN !" a crié Rose : "Tu détruis notre travail !" Ne la fais pas pleurer."
"Tais-toi, Rose !" a dit Esme. Ella a ri et a, à la fois, essuyé ses larmes.
"Ella, j'ai quelque chose pour toi", m'a-t-elle dit et elle m'a tendu une boîte en velours noir. "Je l'ai reçue de la mère de Liam qui l'a reçu de la mère de la mère de Liam et de sa mère de… et ainsi de suite, tu vois l'idée. C'est à l'ancienne !" a dit Esme et a ri. "J'aimerais te voir les porter aujourd'hui. C'est à toi de toute façon. C'est notre tradition et elle est héritée de Luna en Luna."
Esme m'a tendu la boîte, je me suis assise dans le fauteuil voisin et j'ai mis la boîte sur mes genoux et l'a ouverte.
Oh sacrée putain de déesse !
Devant moi s'est trouvée la plus belle parure de bijoux que mes yeux aient jamais vue.
"À l'ancienne, dites-vous ? Vraiment, maman ?" me suis-je exclamée et j'ai ri. Je l'ai déposé à côté et je me suis levée pour l'embrasser.
Dans la boîte s'est trouvée un ensemble de boucles d'oreilles en or jaune, avec diamants et perles crème clair, un collier de perles et diamants crème. Ils sont si beaux !
"Je vais les porter aujourd'hui !" lui ai-je dit. Je l'ai serrée, une fois de plus, dans mes bras.
"Je vais voir si tout est prêt en bas et je te ferai savoir quand tu pourras descendre", a dit Esme, et elle a quitté la pièce.
Les filles ont préparé mes bijoux, mais elles n'ont pas eu le temps de me les mettre, car un cri de guerre s'est fait entendre d'en bas :
"NOUS SOMMES ATTAQUÉS !" J'ai senti la terre glisser sous mes pieds.
Était-ce une mauvaise blague ?
Nous avons immédiatement couru à la fenêtre et je n'ai pas su d'où, mais des centaines de loups solitaires ont été dans notre cour et ils se sont battus avec les membres de la meute. J'ai vu Dominique se battre désespérément.
"Je dois descendre !" ai-je crié sur les filles, mais elles ont essayé de m'arrêter.
J'ai défait ma robe et ronflé au milieu de la pièce. Je l'ai regardée et j'ai pleuré nerveusement. J'ai couru vers l'armoire et enfilé une paire de collants et une chemise. J'ai regardé Rose et j'ai dit autoritairement :
"Veille sur Isabelle. Fais attention à ce que rien ne lui arrive. Lucas ne me pardonnera jamais si quelque chose arrivait à Isa !" J'ai couru dans les escaliers. À l'entrée, j'ai trouvé Esme effondrée dans les escaliers.
"Mamannnn !" Je n'ai pas pu, je n'ai pas pu perdre une autre mère ! J'ai eu l'impression de devenir folle.
Rose et Isabelle sont apparues juste à côté de moi.
"Que faites-vous ici ?"
"Maman ! Réveille-toi !" Rose s'est mise à pleurer.
"Ella est en vie !" Emmenons-la en lieu sûr. Ensemble, nous l'avons soulevée et l'avons portée à l'abri de la meute où femmes et enfants se sont réfugiés en cas d'agression. Nous sommes entrés et avons vu qu'il y a eu déjà beaucoup de femmes et d'enfants.
"Est-ce que tout le monde est là ?" ai-je demandé avec autorité.
"Oui, Luna", a dit l'une des femmes." Il n'y a eu que vous trois qui manquiez à l'appel. Et nous étions inquiètes."
"Maman est blessée", leur ai-je dit depuis la porte, alors que Rose et Isabelle ont essayé de l'aider.
"Ella !" ai-je entendu Isabelle crier. Mais avant qu'elles n'aient réagi, je suis sortie de l'abri, j'ai tiré la porte derrière moi et je l'ai bloquée. J'ai couru à l'endroit établi avec les combattants de la meute et y ai laissé la clé.
"Ella ! Ouvre la porte !" ai-je entendu Rose et Isabelle crier de l'autre côté, mais ce n'était pas une option pour moi. J'ai eu besoin de savoir qu'elles ont été en sécurité. Esme était vivante et j'ai su qu'elle survivra avec leur aide.
"Je vous aime !" leur ai-je dit et j'ai couru dans la cour. Je les ai entendues de plus en plus faiblement, alors que je me suis éloignée d'elles.
C'était le chaos total dans la cour. Blessés et morts.
Je me suis mise à me battre, côte à côte, avec mon peuple. Tous les yeux ont été sur moi. J'ai abattu des loups solitaires au combat et je n'ai pas eu peur d'eux. Hugo et Dominique ont été terrifiés, quand ils m'ont vue au milieu d'une bataille.
Ils ont essayé de me rejoindre, mais ils ont été jetés à terre par plusieurs loups solitaires qui se sont précipités vers eux.
J'ai frappé à droite et à gauche et tué tout ce que j'ai attrapé dans mes bras, pour pouvoir les atteindre. Je suis parvenue à les libérer de la bande de loups solitaires qui se sont jetés sur eux. Ils ont été grièvement blessés, mais toujours vivants.
J'ai regardé autour de moi et j'ai eu l'impression de devenir folle. J'en ai eu marre de ces solitaires inutiles. J'en ai eu marre de perdre des êtres chers à cause d'eux. Au milieu de la bataille, Athéna a pris le contrôle de mon corps. J'ai eu l'impression qu'une énergie fantastique s'est dégagée de moi, quand elle a crié, elle a crié en fait :
"ASSEZ !"
Et tout le monde s'est tu. Le cri a été si fort qu'on a entendu les fenêtres des maisons vibrer, la forêt a tremblé et des centaines d'oiseaux se sont envolés de peur.
J'ai regardé autour de moi et vu les dégâts. C'était énorme. Lucas, plein de sang, a essayé de se tenir debout sur ses deux pieds. Hugo et Dominique ont été gravement blessés et Philippe et papa ont été figés et m'ont regardée. Ils ont été pleins de blessures, mais sinon ils allaient bien. Ils ont été trop loin de l'endroit où je me suis actuellement retrouvée.
Tout le monde m'a regardée.
Soudain un coup de feu s'est fait entendre et sans avoir eu le temps de réagir, je l'ai senti me coller au ventre.
"L'argent et l'aconit", a murmuré Athéna, "Ils nous ont eu, Ella."
Je suis tombée à genoux. Dominique a poussé un cri à mon endroit, mais n'est pas arrivé à se relever d'où il est tombé. Papa et Philippe m'ont couru après, mais ils ont été trop loin et en quelques minutes les loups solitaires m'ont emmenée avec eux et ont quitté la meute.
"Ils nous ont eu, Ella, ils nous ont attrapées," a dit Athéna, avant que je n'aie perdu connaissance.