"Quelle plaie, mon dieu, quelle plaie !!" durant tout le trajet pour rentrer de l'hôpital, ce sont les mots que l'inspecteur Adnane se répétait parce qu'à présent, il savait qu'il avait les deux pieds entrés profondément dans la mouise et qu'il devait suivre les ordres sinon ça pourrait très mal finir pour lui. Il n'avait même pas supposé que le Docteur X ait pu avoir l'idée sournoise de filmer tout ce qu'ils étaient en train de lui faire ce jour-là, pendant l'arrestation parce qu'il était sûr de la culpabilité du Docteur X.
Il était sur ce que dernier était coupable et il ne voulait rien savoir à part qu'il avait raison alors, il s'est laissé aveuglé par son orgueil et avec son équipe de plouc, ils ont commis l'irréparable. Le souci à présent, c'est que la vie de plusieurs personnes était en jeu car, il y avait tellement d'agent de police qui pourrait se retrouver au chômage si jamais la vidéo qui avait été enregistrée dans le bureau du Docteur X venait à fuiter. C'était une situation assez complexe et le pauvre inspecteur Adnane n'avait que très peu de possibilité. Il faisait réellement face à un véritable Dilemme.
Qu'est ce qu'il fallait faire pour l'inspecteur Adnane ? est ce qu'il fallait laisser l'agent Souleymane vivre et échapper au triste sort que le Docteur X lui avait réservé parce que ce dernier s'était permis l'affront de lui marcher sur les pieds et qui plus est injustement ? Ou est ce qu'il fallait plutôt faire ce que le Docteur X attendait de lui en exécutant les ordres que ce dernier lui avait prescrit. Les ordres consistant à faire en sorte que l'agent Souleymane regrette amèrement de s'en être pris au Docteur X de cette façon et qu'il souffre jusqu'à son dernier souffle.
Dans ce genre de situation, il était préférable de faire passer l'intérêt général avant l'intérêt d'un particulier parce que ce serait une véritable perte de voir tant de vies gâchées au profit d'une seule quel que soit l'utilité de cette personne ou l'amour qui lui est portée. La majorité l'emportera toujours sur la minorité qu'importe si les motivations du groupe ou de la personne minoritaire sont louables, il est impossible que celle-ci soit imposée à la grande masse. Ainsi, le choix était fait, L'agent Souleymane devait mourir comme indiqué scrupuleusement par le Docteur X.
Dans le cas contraire, c'est toute l'équipe qui passait à la flotte. Et, il était mieux d'éviter de faire du gaspillage de ressource. L'agent Souleymane avait choisi tout seul de venir porter main au Docteur X et de l'humilier alors que ce dernier était en train de se faire arrêter par la police. Il avait fait son choix, il était donc normal qu'à présent il en assume les conséquences quel que soit leurs envergures et une chose est sûre et certaine c'est que ce coup-ci, il allait vraiment payer cher les conséquences de ses erreurs, de son vice et de sa mauvaise conduite.
L'inspecteur Adnane souffrait beaucoup de devoir prendre cette décision mais au point où il en était, il n'avait plus vraiment le choix de faire autrement. Souleymane devait mourir, c'était inévitable. Ce qui le frustrait encore plus dans l'histoire c'est qu'il n'était même pas capable de donner à Souleymane une mort digne et qu'il ne pouvait même pas choisir la façon dont ce dernier quitterait la terre. Le Docteur X avait bien exigé qu'il souffre le martyr sur de longues durées avant de finalement l'abattre d'une balle dans la bouche qui transpercerait sa gorge et lui ôterait la vie sur le coup.
Il fallait maintenant qu'il trouve Souleymane et qu'il lui donne Rendez-vous quelque part pour qu'il puisse ensuite exécuter la mission qui lui avait été imposée. Il a donc décidé d'appeler son subalterne pour ensuite lui donner rendez-vous quelque part histoire de discuter un peu avec ce dernier et de lui confier un lourd secret qu'il gardait pour lui depuis de longues années et qu'il avait décidé maintenant de partager avec Souleymane car, il savait que Souleymane était friand de secrets et de cachoteries, il aimait les choses et les histoires ambiguës et cela le rendait particulièrement joyeux d'entendre les secrets des autres.
Tous les hommes ont diverses forces et faiblesses. La force de l'agent Souleymane était à la fois sa force et sa faiblesse. Le vice, il devait sa place dans la police et tout ce qu'il avait eu dans la vie au vice mais souvent le retour des choses acquises par les mauvaises méthodes est aussi mauvais que ces dernières. Et cette fois-ci, c'est Souleymane qui allait en faire les frais car cette faiblesse allait lui être fatale et il ne pourra s'en prendre qu'à lui-même avoir cultivé toute sa vie, les graines du vice autour de lui.
L'inspecteur a donc téléphoné à l'agent Souleymane qui lui a répondu après dix tentatives d'appels manqués à chaque fois. Il semblait clairement que l'agent Souleymane n'avait plus aucun respect et aucune considération pour son chef. Mais par agacement, il a fini par lui répondre et les deux hommes se sont donnés rendez-vous quelque part pour discuter de ce pourquoi l'inspecteur Adnane voulait parler. L'agent Souleymane aurait peut-être mieux fait de ne jamais décrocher les appels de son supérieur ce jour-là. Peut-être que cela lui aurait sauvé la vie et qu'il aurait pu prendre le large; étant donné qu'après avoir cambriolé Mounirath il en avait assez pour fuir le pays définitivement…
- Allo ? a répondu l'agent Souleymane à son supérieur l'inspecteur Adnane.
- Oui allo, Soulé. Comment est-ce que tu vas ? qu'est-ce que tu as fait de ta journée ? il y a un moment qu'on ne s'est pas vu toi et moi.
- Oui, depuis environ trois ou quatre jours je crois, chef. Depuis la fois où nous sommes partis voir votre ami riche et qu'il nous a rembarré comme de vulgaires microbes.
- Laisse ce gars. J'ai autre chose à te proposer qui va nous permettre de nous sortir de ce bourbier mais aussi il faut que je te raconte un grave secret. On peut se voir seul à seul ?
- Oui pas de souci, il faut juste que vous me disiez où est ce qu'on doit se voir et quand
- Je te ferai signe dans une demi-heure mais, on se verra au plus tard aux alentours de dix et neuf heures ou de vingt heures.
- Comme il vous plaira alors chef. J'attends donc votre coup de fil pour me joindre à vous.
- Okay alors à plus tard Soulé. Ce que j'ai à te raconter, c'est vraiment trop chaud pour que je garde ça seulement pour moi. Donc j'aimerais vraiment le partager avec toi.
- J'ai tellement hâte de savoir ce que c'est.
En effet, le flic véreux Adnane avait bien un secret qui lui pesait sur la conscience et dont il devait faire part à quelqu'un parce que cela était bien trop lourd à porter comme secret pour lui. Donc, d'une part il lui avait bien dit la vérité lorsqu'il lui disait qu'il fallait qu'il lui raconte un secret car en effet, il allait lui dire ce que le Docteur X attendait de lui avant de l'abattre. Ou il n'allait tout simplement pas le faire parce qu'il n'y avait pas été autorisé. L'inspecteur Adnane se voyait à présent devenu le chien des enfers à la solde du docteur X pour faire payer des gens qui lui avaient manqué d'égard dans le passé.
Il était aux environs de onze heures cinquante et cinq minutes lorsque le flic véreux a téléphoné à son subalterne pour lui donner rdv quelque part dans la soirée aux alentours de vingt heures dans un des quartiers de son choix. Il pensait généralement à lui demander de le retrouver dans le quartier d'Anikwara qui était un quartier populaire de Niamey la capitale du Niger. Mais il pensait aussi à des coins tranquilles dans les quartiers de Bassora pour faire ce qu'il avait à faire.
Il est donc aller se promener dans les divers coins et recoins de la ville de Niamey et c'est finalement le quartier de la cité Faysal qu'il a trouvé pour y commettre son homicide parce que ce quartier était moins peuplé que tous les autres et un peu plus plongé dans l'obscurité. Mais ce qu'il ne savait pas encore c'est que l'agent Souleymane avait lui aussi prévu de faire des choses allant contre sa personne. L'agent Souleymane entreprenait aussi de tuer l'inspecteur Adnane et de lui remettre l'arme qu'il avait utilisée pour faire peur à Mounirath.
Le plan de l'agent Souleymane consistait à faire porter le chapeau de tout ce qui pourrait lui être reproché à son supérieur et de le tuer ensuite puis de lui mettre entre les mains l'arme qu'il avait utilisé pour commettre tous ses crimes histoire de faire passer ça pour un malheureux suicide sur lequel personne n'aurait enquêté étant donné qu'il n'y avait pas tant de gens autour de l'inspecteur Adnane qui lui donnait de la valeur. Ainsi, il croyait l'assassiner et maquiller la scène de crime de telle sorte à ce que cela semble être une auto suicide pour ne pas faire face à la justice.
Les deux amis avaient donc prévu mutuellement d'ôter la vie de l'un comme de l'autre mais personne ne savait encore que l'un ou l'autre prévoyait d'en finir avec les joyeux jours de son prochain. Tous les deux se croyaient incapable dans le cœur de l'autre d'aller jusqu'à une telle extrémité. L'agent Souleymane n'aurait jamais suspecté l'inspecteur Adnane d'en vouloir à sa vie parce que ce dernier avait été une sorte de père pour lui. C'est lui qui l'avait formé et qui avait fait de lui le brillant agent qu'il était aujourd'hui. Brillant restait tout de même une façon de parler.
Pourquoi donc est-ce qu'il voudrait le tuer ? Si ce n'est pour se causer du tort à lui-même. Et il avait raison de penser de la sorte parce que le flic véreux n'aurait jamais voulu en arriver là. Il avait été obligé d'en venir à cette situation pour protéger sa carrière et celle des autres hommes sous sa main. Voir tous les jeunes policiers qu'il avait formé être incarcérés pour abus de pouvoir, présentés devant une cour martiale, et suspendu voir définitivement banni de la fonction policière serait un terrible échec pour lui. Il ne pouvait pas faire ça à ses hommes.
Une fois que l'inspecteur Adnane avait identifié le quartier de la cité Faysal, il ne lui restait plus à présent que de trouver une sorte de planque où il pourrait donc faire ce que le Docteur X lui avait ordonné de faire, c’est-à-dire de mettre fin aux jours de son ami, l'agent Souleymane. Pour se réconforter face à cette terrible épreuve à laquelle il devait faire face, il se disait que tout au moins Souleymane était son agent et que c'était lui qui l'avait formé.
Il était donc normal que Souleymane finisse par périr de sa main parce que c'était comme ceci que les choses avaient été écrites et qu'elles devaient être. S'il avait formé et qu'il lui avait tout appris mais que ce dernier avait commis des incartades dans l'application de ce que son maître lui avait enseigné, c'était à lui de réparer les erreurs et la seule façon de les réparer cette fois était d'y mettre fin pour de bon en prenant la vie de Souleymane. Mais cela ne l'enchantait pas le moins du monde parce qu'à chaque fois qu'il y pensait, il faisait des crises d'angoisses.
Mais il fallait le faire, Souleymane devait mourir et c'est ainsi que les choses se règlent parfois dans la vie. Il arrive que les choses se décident parfois à se régler d'elles-mêmes, qu'elles arrivent parfois à être réglées par les gens qu'elles mettent en interaction comme il arrive parfois que les choses de la vie se soldent par la mort d'un ami. La mort d'un proche ou de quelqu'un qu'on aime plus que la prunelle de nos yeux mais qu'on est obligé de mettre hors d'état de nuire pour survivre. C'est la loi de la jungle.
Les deux hommes se sont donc chacun préparés à se faire du mal mutuellement mais aucun des deux n'avaient eu en tête que l'autre tenterait de lui faire une chose pareille. Souleymane avait déjà tout ce qu'il lui fallait pour partir définitivement de la ville de Niamey voire de l'État du Niger mais, il sentait qu'il lui manquait encore une chose à accomplir. Il sentait qu'il devait encore régler une affaire et que cette affaire se solderait par l'incrimination et le suicide maquillé de son supérieur. Celui qui lui avait tout apprit le flic véreux Adnane. Pour lui, il voyait cette situation comme une sorte de succession. Il s'imaginait que c'était à présent son tour d'endosser le rôle de son chef, l'inspecteur Adnane et de voler de ses propres ailes.
Il avait toujours été envieux des biens que son patron possédait mais ne lui avait jamais montré que cela était par rapport à ça. Le flic véreux dans sa bonté envers son acolyte s'imaginait que ce dernier agissait d'une façon bizarre parce qu'il rêvait de le surpasser ou parce qu'il cherchait à lui prouver qu'il était un homme mais, jamais au grand jamais il ne s'était imaginé qu'en réalité Souleymane le haïssait au plus profond de son être et que cette haine qu'il avait pour lui remontait vraiment à de longues dates en avant.
En effet, à l'âge de 18 ans en pleine puberté, Soulé s'était déjà mis en tête l'inspecteur Adnane qui à l'époque n'était encore que sous-chef dans la police lui forçait la main et qu'il était contre lui. Il s'imaginait que l'inspecteur Adnane avait toujours tout fait pour le rabaisser aux yeux des autres notamment en lui arrachant des mains un travail qu'il avait déjà commencé ou en lui faisant de sévères reproches en lorsqu'il l'engueulait publiquement ou en aparté.
Et ça, Souleymane l'avait très mal vécu, parce qu'il arrivait même que des fois ce ne soit point lui le fautif mais que l'inspecteur Adnane lui refile la responsabilité de ce qui avait été fait en mal. Ne sachant pas qu'ainsi, l'agent Adnane s'assurait juste de sa formation mentale et de sa résistance face à la méchanceté des hommes, il l'a pris personnellement et s'est juré à lui-même de faire payer à l'agent Adnane toutes ces humiliations qu'il avait dû essuyer. Ce n'est que plus tard, après qu'il ait totalement muri dans sa vingt-sixième année qu'il est devenu assez proche de l'agent Adnane et à ce moment, il s'est imaginé que c'était uniquement parce que ce dernier ne pouvait plus lui infliger des sévices qu'il s'était rangé de son côté.