"Je suis amoureuse de mon patron". C'est la conclusion à laquelle Mounirath en était arrivée, après qu'elle se soit tourmenté l'esprit avec l'incident qu'ils s'étaient produits lorsqu'ils étaient au restaurant "Le Cupidon" vis-à-vis de sa réaction envers son patron et de la façon dont il l'avait recalé. Elle n'en avait pas dormie de la phrase qu'il lui avait sorti "Pour moi, cette personne qui a des difficultés financières et qui galèrent dans la vie c'est toi. Tu comprendras donc que nous deux, nous ne puissions jamais être ensemble". Cette phrase avait totalement brisé son égo et pourtant, elle pensait pareil que lui et c'était d'ailleurs elle la première à dire qu'elle ne pourrait pas sortir avec quelqu'un qui n'était pas dans une situation économique et financière stable. Mais, la façon avec laquelle son patron avait retourné sa propre phrase contre elle était si dure à avaler qu'elle n'en avait presque pas dormi. Elle se sentait misérable et sans valeur. Pourquoi est-ce qu'il lui avait parlé de la sorte ? Elle était une belle pourtant très belle que n'importe quel homme serait prêt à combler de bijoux et de tout ce qui va avec mais, pourquoi est-ce que lui, il avait eu une réaction aussi sèche envers elle. Elle l'a trouvé imprévisible et mélangé au charme que Docteur X dégageait du fait de sa gestuelle, de son style vestimentaire et de son éducation, elle s'est mise indirectement à l'idéaliser comme l'homme parfait. Pourtant, il était loin de l'être et lui-même se l'admettait. Il l'avait pourtant rejeté mais cela avait eu l'effet inverse de celui qui était recherché en agissant de la sorte. En remettant sa secrétaire Mounirath à sa place d'une façon aussi sèche, Docteur X s'imaginait qu'elle le laisserait en paix et qu'elle ne chercherait plus jamais à avoir un quelconque contact extraprofessionnel avec lui.
Mais il n'en était rien. Mounirath dans son esprit de combativité et dans son égo démesuré, s'était dit qu'elle relèverait le défi et qu'elle lui montrerait qu'elle était celle qui lui fallait et pas autrement.
Bien sûr, elle ne comptait pas se mettre à être très extravagante ou à en faire trop. Elle comptait plutôt le priver de se mettre avec toutes les femmes qui pourraient graviter autour de lui et ce, de façon assez subtile pour ne pas être fichue à la porte ce qui serait un immense contretemps dans son plan voir un total échec. Comment pouvait-elle donc faire pour arriver à ce que personne à part elle ne puisse disposer du cœur et de l'attention de Docteur X. cela était bien difficile à faire car, à présent elle l'avait appris à ses dépens, il était imprévisible et vraiment très strict.
Elle s'imaginait à présent être folle amoureuse de son Patron, Docteur X et était prête à détruire toute relation qu'il pourrait avoir le malheur d'entretenir avec une autre femme qu'elle. Mounirath avait été blessée par les propos secs de Docteur X et cela avait entraîné chez elle de nombreuses réflexions qui l'avaient finalement conduite au fameux " si je ne peux pas l'avoir pour moi alors, personne ne pourra l'avoir". Cela avait facilement viré à l'obsession car, elle maintenant elle n'avait que Docteur X dans sa tête, son cœur et son esprit. Il était comme une plaie, une blessure intérieure qui n'avait pas de remède. Elle le voyait comme un homme différent, un homme à part. Un homme évolué qu'il fallait qu'elle se procure obligatoirement. C'était vraiment du n'importe quoi. Par moment, elle se surprenait à le haïr pour la façon dont il lui avait parlé et chercher à l'oublier ou même à démissionner mais, a d'autre elle était comme possédée par lui et les souvenirs qu'elle avait de lui quand il lui parlait avec gentillesse et attention. Elle s'était rendu compte de ce qu'elle avait perdu en essayant de le charmer et était prête à tout faire pour retrouver cette attention et cette gentillesse qu'elle trouvait en lui. Quel qu'en soit le prix et, quitte à refaire les mêmes erreurs jusqu'à ce qu'enfin il la voit comme la femme qu'il lui fallait. Dans son intimité même, il lui arrivait parfois de se retrouver avec l'étrange sensation que sa culotte devenait humide lorsqu'elle pensait à lui. Elle se sentait toute honteuse sans savoir trop pourquoi et allait immédiatement faire sa toilette et changeait de culotte. Mais cela ne changeait rien à la situation. Parce qu'il l'attirait physiquement, il était beau, grand, musclé et ne s'en vantait pas pour autant. Il restait très humble et respectait tout le monde avec le même respect auquel il se serait attendu de leur part.
Mounirath ne savait plus vraiment où donner de la tête, le jour du diner était passé et c'était le weekend. Elle avait passée toute sa matinée du samedi à penser sans arrêt à Docteur X. il occupait ses pensées à la fois pour de bonnes et de mauvaises raisons. Les seules bonnes raisons pour lesquelles elle pensait à Docteur X était lorsqu'elle faisait une remise en question en rapport avec ce qu'elle avait dit sur le fait qu'elle ne pourrait pas sortir avec quelqu'un qui avait une situation économique en dessous de la sienne. Elle s'en voulait parce qu'elle trouvait qu'elle avait tenue des propos odieux et déplacés vis-à-vis des gens qui avaient du mal à s'en sortir dans la vie et, elle se disait qu'elle essayerait de devenir une personne meilleure pour ne pas être aussi "hautain" que Docteur X alors que, elle était la première à penser ainsi. Elle lui en voulait d'avoir agi comme elle aurait agi si elle était à sa place. Elle lui en voulait d'avoir réagi avec la même façon et les mêmes raisons intéressées pour lesquelles elle avait clamé qu'il était impossible pour elle de sortir avec quelqu'un de pauvre. Et bientôt, elle commençait à s'imaginer qu'elle n'était pas comme ça et que ce n'était pas de sa faute si elle était pauvre mais que lui, il aurait dû l'accepter malgré sa pauvreté.
Seulement, est ce que c'était réellement à cause de l'argent qu'il l'avait recalé de façon aussi sèche ? Eh bien non, son cœur était déjà pris, il en aimait déjà une et ça elle ne le savait pas. Elle ne se doutait pas qu'il avait utilisé le prétexte des classes sociales pour la recaler et lui faire comprendre qu'ils ne pouvaient pas entretenir une relation. Pour elle, le problème venait uniquement de l'égo que Docteur X avait et qu'il masquait avec hypocrisie. Elle ne le connaissait pas, elle ne savait pas qu'il avait vécu dans la pauvreté lui aussi avant de devenir le quelqu'un riche et patron qu'il était aujourd'hui. Qu'est ce qu'elle pouvait savoir de toute façon, c'était une femme intéressé par les choses superficielles. Et ses sentiments pour Docteur X devaient être aussi superficiels qu'elle-même ne l'était déjà. Si elle s'était mis à ressentir des choses pour lui, c'était uniquement parce qu'il avait voulu l'emmener manger dans un des meilleurs restaurants de la ville de Niamey voir, de tout le Niger. Elle ne l'avait pas observé comme possibilité de partenaires de couple jusqu'à ce qu'il l'invite au restaurant et se contentait uniquement de le couvrir de compliments lorsqu'elle le voyait arriver au travail. Mais maintenant, qu'elle avait vu qu'il disposait des moyens suffisants pour lui faire mener un train de vie de luxe, elle était devenue folle amoureuse selon ses dires mais plutôt obsédée et intéressée dans la réalité des faits.
Elle pensait donc à tort qu'il avait refusé d'être son partenaire parce qu'elle n'avait pas d'argent et s'était mise en tête qu'il était hautain et odieux. Mais elle se rendait facilement compte qu'elle extrapolait en disant de telles choses. Elle se remettait en question et s'apercevait ainsi qu'elle avait été la première à l'être en disant qu'elle ne sortirait jamais avec une personne qui avait un train de vie de pauvre.
Mais, le problème n'était pas là. Même si elle était riche ou qu'elle possédait toutes les fortunes de la terre, tant qu'elle était sa secrétaire, Docteur X n'avait pas dans l'idée de poser un seul coup d'œil sur elle. Cela serait abuser de son statut de patron par rapport à elle pour obtenir des faveurs qu'il n'aurait pas obtenu s'ils étaient d'égal à égal. Et il avait en horreur les injustices ou du moins les situations où des gens hauts placés se servaient de leurs grades pour arriver à obtenir des faveurs de leurs ouvriers et autres employés à leur solde. L'argent était certes une bonne chose mais, ne devait pas conduire à ce genre d'actes abjects. Abjectes oui parce que si les employés acceptaient, c'était très souvent à contre cœur qu'ils le faisaient. Par peur de ne pas perdre leur seule source de revenu ou tout simplement de ne pas gâcher leur vie à cause d'une simple requête que leur avait faite leur patron.
C'était là, la pensée de Docteur X lorsqu'il a repoussé les avances que lui faisais Mounirath. Il ne cherchait pas à profiter de la situation. Il lui offrait juste un dîner pour la remercier de l'avoir accompagnée et de le lui avoir montré parce que, pour ce que cela vaut "Le Cupidon" était vraiment un très bel endroit à ses yeux et qu'il y avait trouvé son aise. Pas parce qu'il voulait abuser de son statut vis-à-vis d'elle. Mais il faut croire que les choses avaient pris un tournant non espéré. Mounirath avait maintenant une obsession pour lui qu'elle confondait avec des sentiments parce qu'il l'avait marqué.
Elle se disait prête à tout pour qu'il la remarque et qu'il la considère comme étant la femme de sa vie mais, est ce qu'elle serait toujours là si, un jour il arrivait qu'il fasse faillite ? Non. Elle l'avait dit, qu'elle ne pouvait pas être avec quelqu'un de pauvre et les gens ne changent pas alors cela n'était pas de vrais sentiments mais plutôt une vulgaire obsession mal intéressée qui n'avait ni tête ni queue. Mais elle avait du mal à s'avouer la vérité et à reconnaître lorsqu'elle était vaincue ou dans l'erreur. Pour elle, le seul et unique responsable de cette situation était Docteur X et voilà à quel point la gentillesse des uns et leurs actes bien intentionnés vis-à-vis des autres pouvaient très vite se tourner à leur désavantage car, trop aigris ou trop jaloux, les autres verraient leurs actions comme une forme d'affront ou de manquement à leur personne. Pourtant ce sont ces mêmes autres qui en amont faisaient des erreurs pouvant entrainer un manquement à leur personne et ou toute forme d'affront.
Si Docteur X avait agi d'une façon moins humaniste avec elle, elle ne serait pas imaginée qu'il l'avait mal jugée ou qu'il était odieux et hautain vis-à-vis d'elle, elle se serait juste souvenue qu'il était son patron et que jamais au grand jamais, ils ne pourraient déjeuner à la même table. Mais, étant persuadée déjà à la vue de quelques actes de son patron que ce dernier voulait vivre quelque chose d'extraprofessionnel avec elle, Mounirath s'était laissée toute seule aller à des films, à des rêves qui n'aboutiraient jamais. Mais, vu la façon sèche avec laquelle Docteur X les avait bafoués, elle le tenait responsable de son mal être et s'imaginait qu'elle avait quelque chose à lui prouver. Aussi, elle s'est décidée à tout faire pour qu'il l'aperçoive en compagnie de d'autres hommes riches dans le but de lui faire comprendre qu'elle n'était pas n'importe quelle femme. Mais seulement, Docteur x avait-il vraiment le temps et la tête à lui accorder un regard ou une dizaine de minutes de son temps ?
Il vivait l'amour fou avec sa tendre et bienaimée Eve et, il n'avait pas vraiment besoin d'une autre aventure pour se sentir à l'aise dans sa peau. Il faisait déjà de la musique sa passion première et celle-ci lui prenait la quasi-totalité de son temps libre. Alors, il n'avait pas vraiment la tête à se voir jalouser des hommes juste parce qu'ils traînaient avec sa secrétaire. C'était si vulgaire comme pensée de la part de Mounirath que si, elle venait vraiment à mettre ses idées à la pratique, il la mettrait automatiquement à la porte. Ce qu'il voulait c'était des gens travailleurs pas des rêveurs divertis par les plaisirs du luxe et de la chair.
Le temps passait et, les idées de Mounirath au sujet de son patron, Docteur X ne faisaient qu'empirer les unes après les autres. Elle se sentait tantôt très amoureuse de lui tantôt très malheureuse pour la façon avec laquelle, il l'avait remise à sa place. Ne pouvait-elle pas juste comprendre ce qu'il lui avait dit ? Qu'il ne sortait pas avec une femme qui travaillerait pour lui ? Si elle était si déterminée et amoureuse, elle n'avait qu'à quitter son job mais, même en faisant ça, elle n'aboutirait à rien parce qu'il avait déjà d'yeux pour une autre femme et qu'ils projetaient déjà de se marier et de partir pour de bon pour les États Unis d'Amérique.
Il ne pouvait pas laisser tomber tout ce qu'il avait entrepris juste parce qu'elle faisait un caprice après avoir fait elle-même les fautes qui la rendaient malheureuse. Et, il avait été indulgent avec elle parce qu'il aurait pu la licencier mais, il ne l'a pas fait. Elle s'est surprise à être honteuse qu'il lui a justement accordé cette faveur de ne pas la virer. Le fait qu'il la prenne en pitié était une forme d'injure pour la femme fatale qu'elle était. Elle n'avait pas besoin de sa pitié se disait-elle mais elle allait tout de même se rendre à son travail une fois le weekend terminé. Étrange de la part de quelqu'un qui ne voulait pas de la compassion de son patron après s'être conduite de la pire des façons envers lui. Car, vouloir entretenir des relations extraprofessionnelles avec son patron aussi pures que soit ses sentiments restaient un manquement grave à sa personne.