Chapter 45
2347mots
2022-11-02 15:47
45
C'était Racky , qui venait de parler . Si mes parents ont accepté Racky comme belle fille , Oulimata a deux cent pour cent de chance . Certes Racky est voilée , elle prie , elle est belle , mais sa ne veut rien dire vu qu'elle n'a pas les attitudes d'une bonne musulmane.
-J'arrive .

Je trouve Papa et maman assis , calme .
Le visage de ma mère ne traduisait pas une joie immense pour une mère qui venait de découvrir que son fils se mariera .
-Je suis là , dis-je en m'asseyant en face d'eux .
Mon père pris la parole :
-Voila , j'ai rapporté toute notre discussion a ta mère , sans rien omettre . Elle sait , ce que je sais de Oulimata et comme moi elle ne s'y opposera pas et prendra soins d'elle comme elle le fait avec Lena , Yacine et Racky .
J'examine le visage de maman . Elle me surprend , et me sourit :

-Mon chéri …l'essentiel c'est que tu sois heureux , je t'assure . Allah est grand , Oulimata sera la bienvenue .
« Sameu djan wathieuneu « comme on le dit , je suis super soulagé. Le sourire ne quitta pas mon visage .
-Wouaw ! Sa fait longtemps que je ne t'avais pas vu aussi heureux . J'ai hâte de rencontrer Oulimata , ajoute maman .
-Elle m'aime tellement maman , elle est sincère et n'a que moi . De plus , elle ne se vente pas d'être dans la famille Ly . Elle me veut , juste moi .

-C'est ce qui compte !
Je sais que ma mère ne parle ainsi que pour me rendre plus heureux . C'est pas comme mon père qui va s'en foutre après . Les femmes adorent les détails et je m'attends a ce que ma mère regrette ce mariage un jour . C'est ma mère , je l'aime , mais le fait qu'il n'y aura pas les célébrations pour une femme vierge lui fait mal , elle aura honte devant ses amies , ou devant Dakar , honte de s'unir avec une famille comme celle d'Oulimata . De plus , je la vois s'inquiéter quand tout le monde verra que ma femme ne peut pas avoir d'enfants et qu'elle n'est pas d'une famille aisée et intellectuelle . Je connais très bien ma mère mais elle préfère me mentir pour mon bonheur .
-Je vais appeler Oulimata pour qu'elle parle a son père afin que vous alliez là-bas , leur informais-je .
-D'accord .
Je monte vite et donne rendez vous a Oulimata demain a l'entreprise pour qu'on parle .
Que Dieu nous bénisse .
Oulimata …
Je n'arrête pas de danser de gauche a droite , de rire , de crier et de chanter dans mon appart . JE VAIS ME MARIER AVEC ALI ! C'est trop beau pour être vrai , je m'attends a ce que quelque chose de mauvais se passe .
Quand il me m'a dit , dans son bureau la dernière fois j'ai pleuré là-bas et sa le faisait rire , ce fou !
Il m'a forcé a aller chez moi a la médina et tout régler avant que ses parents ne viennent .
Aujourd'hui , ma bonne humeur diminue . Je vais réessayer de me faire accepter chez moi . Nancy m'accompagne , je ne peux plus me passer d'elle .
-Calme toi , sa ira , dit-elle me pressant la main .
On entre dans ce taudis , qui m'a servi autre fois de maison . Je ne peux m'empêcher de penser a ma mère , quand je revenais du lycée j'allais l'embrasser mais …elle me disait d'arrêter de faire la « toubab « .
Dans la cour , je reconnu mes tantes : les deux autres femmes de mon père et sa sœur , ses autres sœurs sont dans leur région . Elles ont vieillis et la pauvreté se sentait déjà . Quand elles lèvent les yeux vers Nancy et moi l'une d'entre elle nous demande :
-Khalei you bakh yi kolenn di sett ? ( jeune fille , qui cherchez vous ? )
Je tremblais , je devais leur dire que c'était moi : Oulimata .
-Tanta , mann leu , Oulimata ( Tata , c'est moi , Oulimata . )
Toutes les trois écarquillent les yeux et me scrutent de haut en bas . Ma Badienn ( sœur de mon père ) qui n'a jamais était méchante avec moi commence a pleurer pendant que mes belles mères me lançaient des regards jaloux et méprisants . Ma Badienn vient me serrer dans ses bras , et on pleurait ensemble .
-Ay mann Oulimata ! Oulimata yagui doundou ! Eyway ! ( Tu es en vie ) Pleure t-elle .
-Tata …pardonnez moi …tu m'avais manquée .
Elle me regarde avec beaucoup d'amour , me touche le visage et les bras :
-Tu es riche , belle , et…pudique , alors que c'est de toi qu'on disait du mal regarde maintenant comme tu a réussi dans ta vie .
Je souris :
-Grâce a Dieu et je suis revenu pour vous .
Ma tante me dit d'aller saluer mes belles mères . En attendant , elle mettait Nancy a l'aise. Je m'en fou complètement de ces femmes , ces deux là , étaient très heureuses quand je suis tombée enceinte et qu'on m'a foutue dehors . Elles faisaient souffrir ma mère et mes frères et sœurs . Je leurs tend rapidement la main et sans un mot j'entre dans le salon avec Nancy et Badienn derrière moi .
Je ne trouve cependant , pas une trace de mes frères . Il était midi , ils devaient être a leurs activités . Mon vieux père est assis , les yeux toujours plissés et visés vers ce machin qui représentait la Télévision dans cette maison . Je marchais en larmes vers mon papa .
Il l'observe longtemps avant de dire a ma tante :
-Magui naaakh wayé faté woumeu samey dom , Oulimata ? ( je perds la tête mais je n'oublie pas mes enfants , Oulimata ? )
-Mom leu , répondit ma tante ; c'est bien Oulimata . Tey nak kenn doukofi door , djam req leu beugg ( aujourd'hui elle ne se fera pas frapper , elle ne veut que la paix . )
Je n'attends pas , je vais serrer mon père dans mes bras et je pleurais , je pleurais beaucoup . Mon sang , une famille s'est sacrée . Je sens vraiment qu'Allah m'aide car la dernière fois j'étais égarée et quand je suis venue j'ai empiré les choses mais aujourd'hui j'ai décidé d'être guidée et je suis là , tout semble allait pour le mieux . Mon père a l'air même soulagé de me revoir . Quand on a Allah dans sa vie , tout est facile .
-Bayil djoy , mann mi ma wareu djoy ( ne pleure pas , c'est moi qui devrais pleurer ) dit papa ; Oulimata , je ne pouvais pas mourir sans te voir comme je le voulais . J'ai fauté , j'aurais jamais du t'abandonner . J'ai mainte fois rêvé de ta mère , ces derniers mois entrain de crier de te chercher , de te ramener et de te pardonner . Li moy deug ( c'est sa la vérité ) , tu es venu a moi . Je te demande pardon pour tous et je te pardonne également , tu ne pouvais que passer par là pour réussir . Je peux mourir en paix ma chérie .
-Moukk tchi adouneu ! ( jamais de la vie ) , répliquais-je d'un ton dur ; Papa …je ne voulais que sa … J'ai bien payé mes erreurs mais maintenant tout est fini je veux qu'être celle que j'aurais dû être . Pardonne moi Papa , pardon …je t'aime tellement .
On pleurait maintenant tous , même Nancy.
-Oulimata ! Crie de joie une voix féminine qui venait d'entrer .
J'aperçois l'une de mes petites sœurs , Saly . Elle venait de l'école car elle jette son sac a dos et vient se jeter sur moi .
Sans suis , mes deux jeunes frères et les deux autres petites sœurs . Famille nombreuse !
Je passe cette longue séance de salutation , de renouveau avec ma famille . Nancy même était appréciée .
On a passé une bonne journée où j'ai raconté toute ma vie a ma famille .
J'ai appris que mes trois grandes sœurs étaient mariées et vivaient dans des régions différentes , j'ai pris leur numéro et j'ai appelé chacune d'entre elles pour renouer les liens et demander pardon , c'était émouvant . Il ne me restait plus que celui qui m'avait battu Matar , l'ainé , il est au travail . Il était dix huit heures quand il pénètre dans le salon où était toute la famille : papa , frères , sœurs , tantes , mes deux oncles . Il fronce les sourcils et écarquille les yeux en me voyant.
-Oulimata , encore toi …résonne sa voix grave dans ce silence .
-Matar , je suis venue faire la paix et c'est fait . Je n'attendais que toi .
Il regarde Nancy , un peu trop a mon goût avant de reporter son attention sur moi :
-Je te pardonne .
Quoi ? Non ! C'est possible ? Matar le compliqué ? Me pardonne ?
Même si dans sa phrase on sentait l'orgueil il venait quand même de la prononcer . Je me lève de la natte où j'étais assise et va le prendre dans mes bras . Il est très grand et musclé donc il lui a fallu une main pour m'envelopper.
Et Salif mon frère le plus con commence a crier de joie et tout le monde se mît a rire .
-Je te présente Nancy , c'est ma meilleure amie , dis-je a Matar qui ne souriait toujours pas .
Il serre la main de ma copine :
-Ravie de te rencontrer .
-De même , sourit Nancy , tu ressemble beaucoup a ta sœur hein .
-J'espère que mako dakk ? (Que je suis plus beau ?)
-Ah waw Oulimata mou gnaaw mi ( bien sûre , Oulimata est moche ) , rétorque Nancy a riant .
Ah ! Le bonheur ! Je commence a parler :
-Maintenant qu'on est au complet je vais vous annoncer une bonne nouvelle : Je vais me marier avec , l'un des fils de L'imam Abu Bakr de Dakar .
Silence …tout le monde est choqué .
-Cette famille est loin d'être comme nous …. dit soudainement ma Badienn inquiète . Il y'a des coutumes dans le mariage et il faudra de l'argent .
-Tu es hors du commun ma fille , tu ne pouvais qu'avoir sa , sourit Papa .
-Badienn , je te donnerais tout l'argent nécessaire . L'imam et sa femme veulent venir demander ma main le plus vite possible .
-Wouaw ! Tu a de la chance hein ! J'imagine ces gens entrer ici , tout le quartier va nous respecter maintenant parce que notre sœur est une madame Ly , lâche mon petit frère .
Matar ne parlait toujours pas . Il ne semblait pas impressionné d'ailleurs il s'en fou que ma belle famille soit de chez Obama ou Macky Sall , il minimise tout le monde .
-Matar , parle , lui ordonne papa .
Il soupire :
-Ils peuvent venir après demain . Je serais là .
-Nous sommes d'accord , rajoute mes oncles .
Car c'est avec eux que ma future belle famille va parler . Matar lève le doigt :
-Et je compte sur toute la famille pour ne pas montrer a la future belle famille d'Oulimata qu'on est émerveillé de les voir . Sinon ils ne la respecteront jamais . Soyez fier de votre pauvreté , de qui vous êtes et prenez les comme des personnes normales car c'est ce qu'ils sont . Voila .
-Matar a raison , appuyais-je .
-On le fera , répondirent les autres .
Maintenant je sors de mon sac trois enveloppes contenant de l'argent : je tend a mon père la première :
-C'est moi qui te l'offre , dorénavant j'aiderai a la dépense familiale .
-Je te remercie ma fille …c'est trop !
-C'est mon devoir .
La deuxième enveloppe a ma Badienn :
-Maman n'est plus là , donc Tu prends sa place .
Elle sourit :
-Que Dieu te paye .
Puis la dernière a Matar :
-Partage sa pour les plus jeunes . Car je sais d'avance que tu ne prendra pas l'argent qui n'est pas de ta sueur .
Trop fière il me crache :
-En effet , et je ne touche pas cet argent non plus . Se ne sont plus des bébés maintenant . Donne leurs eux-même .
Ok ! J'en ai marre de lui .
Je donne donne au plus grand qui fera le partage . Ouff !
-Merci grande sœur !
-De rien mes amours . Maintenant faut je rentre , Nancy aussi je dois la libérer . Je passerai la journée ici , après demain .
-Ah tu apporte le bonheur a ton pauvre père , que Dieu t'assiste va te reposer ma chérie .
Je fais deux bisous a tout le monde . Ma tante et Matar m'accompagne prendre un taxi . Je marchais devant avec ma tante et Matar le hautain discutait normalement avec Nancy .
-Avec l'argent que tu m'a donnée , j'arrangerais la maison avant l'arrivée de ta belle famille . Je ferais coudre a ton père et a moi-même de beaux habits . On ne te fera pas honte ma puce , dit Badienn .
-Vous ne me ferez jamais honte . Je suis heureuse de vous retrouver .
Je lui dis au revoir et embrasse mon frère , tire Nancy pour qu'on prenne le taxi .
Enfin ! Tout est bien qui finit bien .
Oulimata …