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-Mais je ne veux pas te perdre …Ali .
-Moi non plus …
Je suis surprise par sa réponse mais il rajoute :
-…. mais c'est préférable .
-Oui …c'est vrai .
On reste longtemps silencieux , puis on passe d'un regard aussi silencieux que l'atmosphère de la pièce . On se parlait des yeux , sauf que je ne comprenais rien aux paroles « non dites » de monsieur ponctuel .
-Bien , je vais rentrer chez moi alors .
Je me lève et Ali aussi . On sort ensemble jusqu'aux escaliers que je comptais arpenter car l'ascenseur me ferait certainement des vertiges en ce moment .
-On se revoit lundi ?
-Oui monsieur Ali , dis-je taquine .
Mains dans la poche Ali me regarde tendrement :
-Prends soins de toi Oulimata et si tu a besoin de quoi que se soit je serais là d'accord ?
Je vais pleurer ! Je le sens !
-…. oui …c'est gentil …bon bye .
Je me retourne rapidement pour disparaitre de sa vue .
Voila ! C'est parfait .
Seydina Ali …
Depuis que j'ai croisé Seynabou a la gondole je ne cesse de penser à elle .
C'est vrai , c'était bien a cause d'elle que j'ai fais toute les bêtises du monde .
On a perdu notre innocence ensemble , on fuguait la nuit pour être ensemble , dormir ensemble , je volais l'or et les diamants de ma mère pour lui faire plaisir , je faisais de même avec l'argent de mon père …. je ne veux même pas penser a toute les horreurs que j'ai faite par amour aveugle pour cette fille . J'ai gâché l'honneur de ma famille . On avait peut-être que dix neuf ans mais cela n'expliquait pas nos bêtises . Je l'aimais réellement , même quand elle a menti sur moi a toute sa famille pour dire que je l'avais engrossé alors qu'on utilisait toujours des préservatifs , même quand mes parents m'ont envoyés chez mes grands parents au Fouta pour me punir , j'essayais de la joindre , même quand je suis redevenu un vrai musulman , pure , avec des principes il restait toujours un petit espoir dans mon cœur pour qu'elle puisse aussi être une femme exemplaire afin que mes parents acceptent que je l'épouse mais …Seynabou a plus dévié du bon chemin , aucune chance pour elle . Elle a choisi de se détruire et moi de me construire , c'est logique que je ne veuille plus d'elle .
Elle vit a saint Louis mais vient souvent a Dakar , a Saint louis aussi quand je parlais de dîner d'affaire on s'est vu et j'ai été très violent avec elle car elle voulait me faire pécher . Ce n'est qu'une opportuniste , elle veut juste se faire un nom en étant avec moi ! Ah cette femme ! Je la répugne autant que je répugne le diable .
Bref , je venais de sortir de la douche . Je m'habille rapidement pour descendre dîner avec toute la famille .
Maman animait toujours les débats a table et mes belles sœurs en riaient . De l'autre côté , Uthaymin et Ousmane parlait d'affaires , mon père a part mangeait , mes neveux se chamaillaient et puis y'a moi , qui, la tête dans son assiette .
Je me suis sentis pour la première fois seul , quand Oulimata a voulu qu'on prenne nos distances aussi . Elle était la seule femme qui me permettait de croire que je pourrai un jour aimer normalement sans contre pensée .
-Chéri ?
La voix de ma mère me fit sortir de mes pensées .
-Oui ?
-Discute avec nous , je n'aime pas te voir si près mais te sentir si loin .
Je souris gentiment a mon étoile de mer :
-Maman …je réfléchis , c'est rien .
Je sens le regard de Ousmane sur moi .
-Mon chéri , arrête de réfléchir et …joins toi a nous ou a tes frères .
-Y'a quelque chose qui ne va pas , affirme Uthaymin .
-Oui , c'est sûre , rajoute Ousmane , Ali est toujours calme c'est vrai mais je sais reconnaître son calme naturel et celui causé par la peine .
Ils sont idiots mes frères . Je soupire agacé. Je n'aimais pas sa .
-Bon , a demain .
Ils me regardaient tous , je sors de la salle a manger . J'étais très énervé . Je pris ma voiture et commence a rouler très vite . Je me ressaisi en repensant a cette fameuse nuit …où j'ai perdu mon meilleur ami . Merde ! C'était a cause de moi , si je n'étais saoul Rassoul ne serait pas mort .
Voila mes secrets étaient bien trop lourd pour moi.
Je n'ai même pas vu mes membres diriger ma voiture devant l'immeuble de mon amie , Oulimata . Je sais , hier matin elle est bien venue me demander de prendre nos distances mais en ce moment je ne voulais que la voir .
Je sonne a sa porte et elle vient ouvrir que quelques secondes après .
-Ali ! Fit-elle surprise .
-Je peux ?
-Oui , entre .
Dés que j'entre , je vais m'installer au salon suivit d'Oulimata . Elle fronce ses beaux sourcils et d'une voix tendre elle me demanda :
-Tu…es malade ? Tu a l'air …énervé ou triste .
-Un jour je t'avais dis que je n'avais pas d'amis ? Que j'étais mis a part dans ma famille ? Tu sais pourquoi ? Non , parce que j'ai tué mon meilleur ami dans un accident . Mes parents me mettaient a l'écart parce que je buvais , je forniquais , je volais les biens de mes parents pour une femme , pour me faire voir , j'étais un imbécile ! Tu comprends Oulimata ? Un imbécile de première classe ! Et je ne peux plus sortir de ma coque j'ai eu l'habitude d'être seul ! Seul ! A me reconstruire ! A me conseiller donc pourquoi maintenant que tout va bien ils me saoulent tous ? POURQUOI BORDEL !
Ma voix grave , mes cris stridents faisaient bien peur a mon amie .
Elle avait les yeux écarquillés , la mains sur la bouche .
Elle quitte le salon puis revient et me tendit …. le coran ? Je bouillais a 100 degré dans mon cœur , j'étais fatigué de paraître pour le moins sociable alors que j'ai grandi seul !
Le calme m'est vite revenu quand je tiens Al Quran dans mes mains . Je retrouvais mon souffle et répète trois frois le nom d'Allah .
Oulimata était assise a me suivre .
J'ouvre le livre a l'endroit où y'avait un marque page et je lu ce verset de la sourate Ta-Ha , qui nous ai adressé à Oulimata et moi :
2.
Ma shaa Allah . Je repris mes esprits .
-Merci …soufflais-je .
Elle me sourit :
-Et maintenant rejoins ta famille pour t'excuser car je sais que tu es sorti en trombe la-bas . C'est assez évident que quelque chose s'est passé pour que tu commence a …. t'énerver .
-Tu a raison …
Je me lève calmement , le Ali était revenu .
-Je m'excuse d'être venu comme sa …je …. je ne voulais pas que tu apprenne mon passé ainsi .
Elle continuait a sourire , comme si elle n'avait pas pesé mes révélations .
-Ali , j'ai fais pire . Je suis heureuse que tu puisse me faire assez confiance pour venir me le dire a moi . J'espère pouvoir avoir ton courage un jour pour aussi te dire mes secrets .
J'étais très compréhensif sur ce point .
-Voila , merci encore . Je te laisse , a demain in shaa Allah .
-Et aujourd'hui c'est moi qui te le dis : prends soins de toi Ali , au vrai sens du terme.
Je lui accorde un sourire rassurant :
-Je vais apprendre a contenir mes colères banales .
J'ai fini par apporter un nouveau visage a la maison . Mes frère m'ont traités de bipolaire et ils avaient raisons .
Plus tard dans la nuit , j'avais la tête sur les genoux de ma mère , eh oui …on délaisse pas les vielles habitudes .
On étaient seuls , quand elle était a la maison on restait tard au salon a discuter ou a regarder des films .
-Alors mon cœur , j'ai une nouvelle pour toi , me dit-elle .
-Quoi ? Tu va partir en Allemagne pour un an ?
Elle rigole :
-Non …tu te rappelle de Sabel ? La fille de l'imam Sow ?
-Oui …. je pense .
-L'ami de Sophie ( ma sœur ) ?
-Oui , je m'en rappelle un peu hein . Pourquoi ?
-Tu la trouve jolie et pudique non ?