C’était plus compliqué que prévu. Se faire passer pour Amélie nécessitait bien plus que le pouvait Émily. Elle n'était qu'à la matinée, elle en avait déjà marre. Elle n'avait pas encore vu le Cheikh dans sa nouvelle identité mais elle redoutait déjà ce moment. Elle avait un planning bien rempli et le pire c'est qu'elle ne pouvait pas louper un seul point de ce dernier et encore moins prendre la poudre d'escampette. Elle était piégée... Dans une cage dorée en plus... Amélie était dans un luxe pas croyable. Elle avait un petit-déjeuner équilibré selon les conseils d'un nutritionniste. Elle avait des profs de danse et autres... La chambre d'Amélie était un vrai appartement bien plus grand que celle d'Émily. Cette dernière ressentait une pointe de jalousie. La seule chose qui la déplaisait outre la situation merdique dans laquelle elle était, c'était... Le planning.
- Est-ce l'heure de la pause, Servante ?
- Non... Non. Vous avez une petite rencontre avec l'organisateur du mariage pour des détails. Et je ne suis pas votre servante...
Émily qui marchait au devant de la rousse qui lui courait presqu'après se retourna vers elle... Exactement de la même façon qu'Amelie le ferait en adressant à son interlocuteur un regard Lazer... Elle était tellement habituée à Amélie qu'elle n'avait pas de mal à trouver la réplique que sa soeur lancerait à tel ou tel moment...
- Mais... Je suis... Je suis... Continua t-elle en supportant avec une frayeur le dur regard de la jeune femme.
- Et... En quoi ça me concerne? La coupa Émily avec dédain.
La jeune femme ouvrit la bouche mais ne dit rien. Elle la referma aussitôt en sentant qu'elle était allée trop loin. Quant à Émily, elle commençait à détester son rôle, à se détester. Elle ne pouvait vraiment pas continuer ainsi pendant plus de 3 semaines... 3 longues semaines...
- Je dois me changer... On y va. Reprit-elle sur un ton plus doux mais pas trop...
- bien madame.
Elle s'en alla vers sa chambre pour se changer. En vrai, elle était épuisée. Elle ne savait pas que ce serait aussi épuisant. Elle avait tellement envie de prendre du repos... Elle devrait appeler sa soeur et lui demander de revenir... Même si c'était pas pour la fatigué qu'elle voulait l'appeler, elle trouva que c'était un bon et banal prétexte pour la faire revenir. Elle doute qu'Amelie ne l'a prenne au sérieux mais bon, qui ne tente rien n'a rien.
- Je dois passer un appel confidentiel. Attendez-moi à l'extérieur et devant la porte.
Sa servante ainsi que son assistante sortirent de la chambre la laissant seule. Elle attrapa son téléphone et composa frénétiquement le numéro de sa soeur. Elle se mit à trembler instantanément comme si elle craignait sa réaction... C'était le stress. La seule chose qu'elle voulait c'était de retrouver sa vie et de partir d'ici au plus vite...
Elle avait couché avec le Cheikh... Elle activa l´appel alors qu´elle continuait à trembler... Dans quel pétrin s´était-elle fourrée ? Ne pouvait-elle s'empêcher de se demander...
Elle attendit patiemment en priant pour que sa sœur réponde à l’appel. Elle voulait régler sa bêtise au plus vite... Elle ne voulait vraiment plus faire ça. Elle ferma les yeux en sentant ses larmes monter... moins d’une dizaine de secondes plus tard, sa sœur répondit à l’appel...
- Amélie? Tout va bien... Demanda sa sœur avec une voix taquine.
- Il faut que tu rentres tout de suite, Amélie. Dit-elle avec une voix alarmante.
- Je ne suis pas encore arrivée. Je crois que je serais sur l’île avant la tombée de la nuit... Répondit sa sœur avec une voix ironique.
- Amélie je suis sérieuse... Il faut que tu rentres.
- D’accord. Okey... Répondit-elle simplement.
Attends...quoi? Okey ? C’était bien plus facile que prévue...
- Tu vas revenir, alors ?
- Non, Émily... Ce voyage a coûté une petite fortune et des vacances dans un hôtel paradisiaque sur une île de merveille est une chose que je ne peux rater. Sans oublier que j’aurais à mes côtés, l’homme que j’aime...
Si Émily n’avait pas autre chose en tête. Elle aurait carrément rappelé à sa sœur qu’elle ne faisait que jouer avec les sentiments de Grégoire...
- Non, tu te foutais de ma gueule, alors...? Amélie, tu n’es pas sérieuse.
- Bien sûr que je me foutais de ta gueule, sœurette... Je t’en prie, continue de jouer mon rôle pendant encore 2 semaines et quelques jours je reviendrais la veille des noces... Tu peux au moins faire ça pour moi... ?
- Amélie... Tu ne comprends pas.
- Super...Bye.
Elle raccrocha à l’appel sans que la jeune femme n’eut le temps d’en répliquer. Émily composa à nouveau le numéro de sa sœur mais elle sonna sans réponse et après plusieurs appels, la jeune princesse comprit que sa sœur refusait de répondre à ses appels... Elle sentit ses larmes couler cette fois et elle se sentait bien trop épuisée pour lutter contre elles alors elle les laissa couler. Elle avait encore son planning en cours et elle devrait aller à son prochain cours... C’était épuisant... Très épuisant...
La journée se passa à un endroit vitesse fulgurante. Ce qui la réjouit puisqu’elle avait envie de retrouver son lit en espérant que le reste des 3 semaines passent aussi vite que possible... Et elle était épuisée en plus avec tous ces cours qu’on lui infligeait. Pendant cette journée, elle comprit pourquoi au grand jamais elle ne devrait envisager d’épouser un gouverneur... Elle ne voulait surtout pas être une reine parfaite avec des manières irréprochables. Elle n’était pas prête à abandonner ses enfantillages... Il était 8hrs00mns du soir et elle n’avait pas vu le Cheikh de la journée. Même s’il lui manquait, elle était heureuse de ne pas le voir surtout que pour lui elle ne serait pas Émily mais Amélie... Elle avait passé la journée à penser à lui...
- Quel est ton nom, servante ?
- Madoullah, Princesse...
- Je crois que je n’ai plus besoin de ton aide, Madoullah...
- Bonne nuit, Princesse...
- Ouais... Dit-elle en se retenant de lui souhaiter une bonne nuit à elle aussi...
Quelques secondes plus tard, la servante avait quitté la chambre. Elle pouvait alors dormir tranquillement. Elle regarda son reflet dans lè miroir et se surprit de ressembler à sa sœur pas dans le sens littéral puisqu’elles sont jumelles. Elle portait sa coiffure habituelle, ses habits et utilisait même ses produits de beauté. Elle dû lutter intérieurement pour ne pas demander à Madoullah d’utiliser que de l’eau et du savon pour son bain... Elle tira sur sa nuisette en dentelle en maudissant sa sœur. On frappa deux coups à la porte et la jeune femme fronça les sourcils en se demandant si Madoullah avait oublié quelque chose...
- Oui, entrez...
Elle ne se retourna même pas pour voir si c’était vraiment Madoullah...
- Je t’ai dit que je n’avais plus besoin de ton aide...
Son interlocutrice ne répondit point. Sans même trouver cela suspect, elle attrapa une brosse et essaya de brosser une mèche de cheveux rebelle.
- Donc, c’est vrai...
...
...
...
Ce n’était pas la voix douce de sa servante ni le ton calme que cette dernière utilisait. Ce n’était pas non plus une interlocutrice mais un interlocuteur... Le cœur d’Émily se mit à battre dans sa poitrine à une vitesse fulgurante et sous’ leffet de la surprise, elle laissa tomber la brosse à cheveux. Elle se retourna vivement avec un cœur qui menaçait de sortir de sa poitrine pour faire face au Cheikh...
Khalil... Il portait encore un costume et était à tomber avec... Son odeur emplit automatiquement tous les recoins de la pièce. Il avait une mine dure au visage qui fit glacer le sang de la jeune femme... Par Hallah...
- Ta soeur est vraiment partie ? Continua t-il.
Non, je suis là. Avait-elle eut envie de répondre. C'est ma soeur qui est partie avec mon identité. C'est moi Émily.... Cependant, elle finit par acquiescer de la tête en ajoutant avec une voix qu'elle espérait être normale...
- Oui... Elle est partie faire une randonnée avec son meilleur ami.
Sa voix tremblait. C’était percevable. Comment ne pas trembler quand l’homme en face de vous vous intimide? Sans préciser qu’en votre situation est la plus merdique qui soit...
- Quand seras t-elle de retour ?
Sa voix était moins dure avec une pointe de nostalgie. C’était normale... Elle lui avait dit qu’elle allait partir et même si ce n’est pas en vrai mais pour lui, elle était vraiment partie juste le lendemain d’une nuit de passion... Seigneur qu’avait-elle fait?
- La veille de son ma... de nos noces. Dit-elle.
Elle était tellement hors d’elle qu’elle manquait de dire la vérité. Heureusement que le Cheikh n’avait pas prêté attention à cela. L’homme ne la regardait même pas et se contentait simplement de fixer le vide... Qu’était il bien entrain de se passer ? L’avait Elle blessé ? La jeune femme sentit le poids de la culpabilité pesé sur ses frêles épaules... Il resta un moment silencieux et pensif puis au bout d’un moment, il fronça les sourcils et dit avec les yeux pleines de rage avec un mélange de désespoir et de tristesse...
- Elle n’aura pas le temps. Prépare-toi on se marie dans deux jours...