Mounira
Toujours assise dans la même position, faisant mine de ne pas l'avoir vu arrivé, les
pieds et les mains croisés j’étais. J’ai pointé mon regard dans le vide, d’un
air totalement indifférent.
De sa carrure imposante, il prend place, me faisant face. Il a posé l’un de ses
regards perçants et profonds dont lui seul a le secret pendant une bonne
dizaine de minutes sur moi avant de se décider à rompre le silence
définitivement gênant :
« _ je vois que tu n’as rien mangé, tu n’as donc pas faim ? d'un air calme.
Il est sérieux là ? Il me parle de famine ? mais qu’est-ce que j’en ai à
faire ? tout ce que je veux en ce moment, c'est une explication... Je
continue à garder le silence pour toute réponse.
_ Je sais que le silence est une arme redoutable que tu utilises souvent. Je sais
aussi que je le mérite cette fois ci, mais je te propose de ne pas punir ton
estomac, il ne t’a rien fait. Je sais très bien que tu as passé la journée sans
avoir avalé quoi que ce soit. Mange donc et après on parlera. Il fait d’un air
sérieux.
Ne voyait-il pas que la famine est le cadet de mes soucis en ce moment ? oui
j’ai faim ! oui le plateau à l’air pas mal, mais moi tout ce dont j’ai
besoin en ce moment c’est de l’entendre me dire ce que j’attends. La patience
me quittait déjà, il m'énervait déjà avec son attitude normale, comme s’il
y’avait rien de grave...
_ Jamal t'ai-je dit que j'avais envie de manger ? d’un regard noir je lance.
_ Non mais j'ai pensé que tu voulais...
_ moi je ne t'ai rien demandé Jamal ! d'ailleurs pourquoi m'as-tu forcé à
venir ici ?
_ Il fallait que l'on ait une discussion sérieuse Mounira.
_ Alors vas y parle je t'écoute ! c'est la seule chose qui m'intéresse en ce moment.
_ Mais il va falloir te calmer d'abord. Il lance toujours aussi serein... son
attitude m'a définitivement faite perdre tout contrôle.
_ C'est de moi que tu te moques ? Pourquoi ne m'avoir pas dit dès le départ
qu'elle et toi entreteniez une relation intime ?
_ moi et qui ?
_ tu sais très bien de qui je parle.
_ ah Mégane ?
_ oui Mégane. c'est elle que tu aimes Jamal ? Hein dit le moi !
_ L'aimer ? d'où sort-tu cette absurdité ? nous sommes de simples collègues.
_ Ça t’a servi à quoi de jouer la comédie avec moi ? j'apprends en plus que tu
voyage avec elle ? Jamal tu m'avais promis de ne jamais me faire souffrir… Tu
avais promis ! au bord des larmes, la voix tremblante.
_ Calme toi Mounira ! il fait d’une voix douce et apaisante.
_ Je ne me calmerais pas, je n'en ai pas envie.
_ Mounira ! d'une petite voix.
Le regard baissé, les larmes coulaient déjà
Sans que je ne puisse les retenir… la douleur était plus forte que moi, je ne
Pouvais me retenir plus longtemps… je ne savais pas que l’amour faisait aussi
mal, je me disais que tout serait toujours rose entre nous, j’ai été bien trop naïve…
j’ai l’impression d’avoir mon premier chagrin d’amour et ça fait véritablement mal.
Il ne s’était pas rendu compte de mon état, il n’avait pas vu les larmes qui inondaient mon visage jusqu’à ce qu’il se décide à s’approcher plus près…
Dès qu’il a aperçu quelques gouttelettes me tomber sur les genoux, d’une caresse tendre il lève mon regard, me force à rencontrer le sien… d’un geste il m’a prise par l’épaule et m’a collé à lui… je me débattais, j’essayais de toutes mes forces de me dégager de son étreinte, mais rien n’y fait. Plus je continuais à essayer plus il me retenait fermement captive, la distance entre nos lèvres était presqu’inexistante... Quelques centimètres seulement, moi je respirais fortement épuisée par cette énergie que j’ai gaspiller à lutter contre lui et mes sentiments.
Il m'a forcé à maintenir mon regard dans le sien, s’est lancé dans une déclaration qui s’emblait venir du fond de son cœur…
_ calme toi s'il te plaît, du calme ! Mounira, tu ne te rends pas compte mais c’est toi qui me donnes de la force au quotidien. Tu représentes pour moi plus que tu ne peux l’imaginer. Te dire que je t’aime me parait très peu par rapport à ce que mon cœur porte pour toi… alors tu as raison de te fâcher car ce profond respect que j’ai pour toi je l’ai transgressé du coup je me dois de m’excuser auprès de toi en toute humilité et espérer l’indulgence de ce cœur meurtri par ma faute. Alors oui Mounira excuse-moi pour mes incartades, excuse-moi pour mon manque de discernement face à cette situation. J’ai fait des choses qui t’ont mises à mal, mais ce n’était pas prémédité.
Ce que tu as vu dans ce bureau n'est pas du tout ce que tu crois. Nous sortions d'une réunion très importante elle et moi, une victoire sur une affaire qui était inespéré. Je me suis emporté par un excès de joie que je n’ai pas pu contrôler.
elle s'est jeté sur moi juste comme ça, je n’ai rien vu venir. Je suppose qu’elle était aussi dans le même état d’esprit que le mien et qu’elle s’est surement laissé emporté par le trop pleins d’émotions… mais ce jours-là je lui ai bien fait comprendre mon mécontentement face à ce comportement très déplacé qu'elle a eu.
_ Jamal tu penses que je suis dupe ? que je ne vois pas ? ou alors c'est toi qui ne vois pas ? Tu veux dire que tu n'as pas remarqué que cette femme est folle de toi ? son regard sur toi ?
_ d'où sort tu ces idées absurdes ?
_ c'est une réalité ! tout le monde le sait d'ailleurs...
_ dans ce cas vous vous trompez tous autant que vous êtes. il n'y a rien entre cette fille et moi.
_ c'est à lui que tu devrais le dire, car ce n'est pas ce qu'elle pense.
_cherie !
moi c'est toi que j'aime, je t'aime tellement Mounira ! pardonne moi de t'a voir mise mal à
l'aise , oublie cette femme s'il te plaît...
Il s'est emparé de mes lèvres avec une telle douceur que je n'ai pas pu lui résister. je me suis laissé aller , je me suis laissé guider par ce cœur qui ne bat que pour lui... que j'aime cet homme !
Notre baisé a duré au moins cinq minutes puis nous nous sommes installés sur le canapé. bien blottie contre lui , d'une étreinte serrée et réconfortante, nous nous sommes retrouvés.
Il ne fait aucun doute que cet homme m'aime, alors j'ai choisis de le croire. cette femme est parfaitement capable d'avoir orchestré cette scène pour nous mettre en porte à faux... Ce qui est sûr, je ne la laisserais plus se mettre entre nous.